Partager sur
Un entrepreneur face à un débiteur en médiation de dettes : Articles 1675 CJ et suivants du Code judiciaire
Me Soraya Mhidra, avocate au barreau de Liège-Huy
Il n’est pas rare pour un entrepreneur de se retrouver dans la situation où son débiteur est dans l’impossibilité de le payer, que ce soit de bonne ou de mauvaise foi. Inutile de préciser qu’être confronté à cela, crée un sentiment désagréable, voire d’inconfort dans le cas où l’entrepreneur comptait particulièrement sur cette rentrée d’argent. Le présent article vise à vous donner quelques explications et repères dans une procédure judiciarisée, qui ne concerne que des débiteurs non professionnels.
Qu’est-ce qu’une médiation de dettes ou plutôt un règlement collectif de dettes ?
Cette procédure n’est possible que :
- pour une personne physique;
- non commerçante;
- dans l’impossibilité de payer ses dettes de manière durable.
Qu’en est-il de votre créance lorsque votre débiteur est admis au règlement collectif de dettes ?
Attention, une des premières conséquences de cette admission sera de suspendre le cours des intérêts de votre créance et de rendre le patrimoine de votre débiteur indisponible.
La personne avec laquelle vous devrez être en relation pour que votre créance soit acceptée est le médiateur de dettes.
Il s’agit très souvent d’un avocat désigné par le Tribunal de Travail, qui aura pour mission d’établir un plan d’apurement pour l’ensemble des dettes de votre débiteur.
Il est donc primordial de répondre au médiateur qui aura normalement eu connaissance de votre créance, faisant partie des dettes de votre débiteur.
La loi précise que le créancier doit communiquer sa déclaration de créance au médiateur dans le mois de la décision d’admissibilité.
À défaut de déclaration dans le délai, le créancier est réputé avoir renoncé à sa créance.
Quid de l’apurement ?
Lorsque le passif est entièrement connu par le médiateur, il faudra décider de comment l’apurer. Pour ce faire, deux solutions :
- soit le débiteur propose un plan d’apurement amiable qui doit être accepté par l’ensemble des créanciers,
- soit il n’y a pas d’accord et un plan judiciaire est fixé.
Dans le cadre du règlement amiable, des contredits pourront toujours être déposés, ce qui signifie que ces créanciers pourront toujours s’opposer à la proposition d’apurement du médiateur.
Un accord ne sera pas nécessairement mis en péril si le médiateur trouve un accord avec les créanciers concernant le ou les contredits formulés.
La durée du règlement amiable ne pourra dépasser 7 ans.
Dans le cas d’un plan d’apurement judiciaire, celui-ci sera décidé si aucun accord n’aura pu être dégagé dans les 6 mois du jugement d’admissibilité.
Le plan sera donc imposé par le Juge et ne pourra pas dépasser une durée de 5 ans.
Quelques particularités de la procédure
La personne en médiation de dettes pourra bénéficier d’un effacement partiel ou total de ses dettes, si elle respecte certaines conditions.
La personne en médiation de dettes pourrait voir sa médiation révoquée si, à l’inverse, elle ne respecte pas certaines conditions.
Dans ce cas, les créanciers retrouvent leur droit d’agir individuellement contre le débiteur et ses biens, pour récupérer leur créance.
Un appel est toujours possible contre les décisions dans un délai d’un mois à dater de sa notification.
Tous les ans, le médiateur rend un rapport au juge.
À la lecture de cet article, j’espère vous aurez compris que, dans cette situation, vous ne pourrez pas agir comme vous le voulez car si vous souhaitez avoir une infime chance de récupérer une partie, voire la totalité de votre créance, il faudra respecter quelques règles, à défaut de voir votre espoir de remboursement s’envoler à jamais…