Eloge des avocats du ressort de la Cour d’appel de Liège décédés pendant l’année judiciaire 2013-2014

Discours
Monsieur le Premier Président de la Cour d’appel, Madame la Première Présidente de la Cour du travail, Monsieur le Procureur Général, Mesdames et Messieurs les Présidents, Mesdames et Messieurs les Conseillers, Mesdames et Messieurs les Avocats généraux et Substituts du Procureur Général, Mesdames et Messieurs, Mes chers Confrères,   Il est de tradition que la Cour associe le Barreau à l’hommage que le monde judiciaire rend à ses défunts, et je tiens à l’en remercier particulièrement. La cérémonie qui nous unit aujourd’hui est de la plus haute importance, pour le Barreau bien sûr, et bien plus encore pour les proches et les amis de ceux qui nous ont quittés. La disparition d’un être cher est naturellement insupportable. Chaque fois, elle nous ramène à notre propre finitude, à l’intimité de notre chagrin où les mots ont peu de poids, dans l’emprise douloureuse de notre solitude face à la mort. La blessure du départ ne se referme jamais. Elle se borne à devenir tolérable avec le temps, avec le soutien des proches, avec la solidarité sociale, et notamment celle de la communauté professionnelle. Puisse l’ombre de la tristesse être couverte par la lumière des souvenirs, des moments de joie, d’amour, d’amitié et de fraternité qu’ils nous ont donnés. Nous tenterons de dépasser le profil professionnel du défunt pour se souvenir de la femme ou de l’homme qui, en dehors du palais, projetait toute la lumière de sa vie sur sa famille, ses proches et ses passions. Telle est l’humble ambition de cette cérémonie qui réunit aujourd’hui les membres de la communauté judiciaire du ressort de la Cour d’Appel de Liège.  

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  Mesdames, Messieurs, Les Barreaux de Dinant, Eupen, Huy, Luxembourg n’ont pleuré la perte d’aucun des leurs au cours de l’année écoulée. Le Barreau de Verviers a pleuré trois des leurs, et celui de Liège en a pleuré sept.  

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Maître Robert DESTEXHE nous a quittés le 14 septembre 2013. Né à Liège le 29 mars 1928, il prêta le serment d’avocat sous l’égide de Maître Théo Collignon le 6 novembre 1951 et fut admis au stage le 13 novembre 1951. Maître Robert Destexhe fut inscrit au Tableau le 15 septembre 1955, et à la Liste des avocats honoraires le 15 juin 1993. Passionné par sa profession, Maître Robert Destexhe s’est investi totalement dans la défense de ses clients, n’étant comptable de rien, ni de son temps, ni de son énergie, ni de son travail, et de trop de travail. Fin des années 80, il fut surpris par des problèmes de santé et quitta la profession sur les conseils de son cardiologue, qui lui déconseillait vivement la vie stressante des avocats. Maître Robert Destexhe était « un belgicain » assumé et fier de l’être. Il déclarait que le drapeau national et l’hymne de la Brabançonne devait l’accompagner jusqu’à sa dernière demeure. Maître Robert Destexhe avait une passion pour le sport, et en particulier la natation et le waterpolo. Il fut pendant des années Président du « Standard Natation de Liège ». Comme il suivait à la lettre les recommandations de son cardiologue, ce marcheur infatigable était aussi un cycliste qui traversait l’Europe de part en part avec un groupe de seniors cyclistes. Maître Robert Destexhe était le père de trois enfants et le grand-père de neuf petits-enfants. Alain, le médecin, engagé pendant 12 ans dans l’ONG Médecins Sans Frontières, a choisi la politique et est aujourd’hui sénateur. Pierre, le juriste, a poursuivi ses études de droit aux Etats-Unis, et a prêté le serment d’avocat à Liège sous l’égide de Maître Lambert Matray, à la grande joie de son père. Il exerce maintenant comme juriste d’entreprise. Son arrière-grand-père était déjà avocat, et son grand-père, Oscar Destexhe, a été Président à la Cour d’Appel. Enfin, Anne, mariée très jeune à un médecin, s’est installée dans le sud de la France. Qui mieux que son épouse pouvait lui rendre hommage en ces termes : « Nous avions, lorsqu’il m’a quittée, 56 ans de mariage et il était un mari exceptionnel : gentil, bon, honnête et courageux. »

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  Maître Michel BISIAUX, nous a quittés trop tôt le 30 septembre 2013. Né à Ougrée le 7 septembre 1949, il prêta le serment d’avocat sous l’égide de Maître Robert Xhardé le 5 septembre 1972 et fut admis au stage à la même date. Maître Michel Bisiaux fut inscrit au Tableau le 20 octobre 1976. Maître Michel Bisiaux, s’il est parti trop tôt, est surtout parti trop vite. Ses cinq enfants : Martine, Romain, Geoffrey, Arnaud et Sophie m’ont porté le témoignage émouvant d’un homme de bien, respectable et respecté, du père aimant qui traçait pour ses enfants un chemin guidé par l’envie d’être fier d’eux, chacun tentant, avec humilité, de lui ressembler. Pour ses enfants, c’était d’abord un avocat, un manieur du verbe qui tirait son autorité de son talent de conviction. Il était un jongleur de mots, en particulier des mots obsolètes qu’utilisent les juristes telles les conjugaisons du verbe ouïr, synonyme d’entendre, souvenir d’un fou rire à table de toute la famille. Maître Michel Bisiaux était grand-père également de trois petits-enfants, pour qui il fut le maître d’apprentissage du jeu d’échecs. Maître Michel Bisiaux était un homme éclectique qui transmettait ses passions en héritage, telle l’histoire du Moyen-Age et l’épopée napoléonienne, l’œnologie, les concours de sumo et la musique classique. Maître Michel Bisiaux aimait cette profession d’avocat qu’il pratiquait seul. Il aimait sa famille, il aimait la vie. Il n’a laissé que des désirs d’amour et d’affection. Sans doute, les mots manqueront pour retracer une existence d’une telle richesse.  

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  Maître Daniel FORET, nous quittait le 11 octobre 2013 à l’âge de 86 ans. Il était né à Liège le 22 août 1927. Docteur en droit de l’Université de Liège en 1950, il prêta le serment d’avocat le 18 septembre 1950, sous le patronage de Maître Fincoeur, et fut admis au stage le 20 septembre 1950, puis inscrit au Tableau le 31 janvier 1956. Il fut admis à l’honorariat le 17 juin 1958 lorsqu’il entra en fonction en qualité de Juge de Paix de Fexhe-Slins puis à Visé, jusqu’à son honorariat le 31 juillet 1986. Maître Daniel Foret fut également attaché de cabinet du Ministre de la Justice Albert Lilar, de 1955 à 1958. Maître Daniel Foret était un homme sans ostentation, d’aspect réservé. Cette réserve cachait mal un dévouement bienveillant et influent envers tous ceux qu’il cherchait à aider. Cet homme, qui ne pensait pas au paraître, était un homme d’action. Comme tout homme d’action, il pensait à faire mille choses à la fois, et il m’est rapporté qu’il pouvait apparaître perdu dans ses pensées et se révélait assez désordonné. Au barreau, il fut d’ailleurs parfois rappelé à l’ordre. Quittons l’avocat, le juge de paix et l’avocat honoraire pour arriver à l’homme de conviction, à ses combats politiques, à ses aspirations philosophiques, à ses idéaux politiques, à son idéal d’émancipation et de raison initiés par les Lumières, un homme de la Cité, engagé politiquement et philosophiquement au service de sa ville, la ville de Liège, à lui, chevillé au corps. En politique, il fut le proche d’Auguste Buisseret, de Jean Rey et de Maurice Destenay. Il a fondé le Club d’Actions Radicales et œuvré pour le rapprochement du PLP et du Rassemblement Wallon. Cette réflexion était nourrie par des contributions écrites, aujourd’hui conservées au fond de l’histoire du Mouvement Wallon. Il est de ces humanistes que l’on voudrait immortels, tant nous avons grand besoin aujourd’hui de réapprendre ces valeurs portées à la fois avec rigueur et passion, mais aussi avec humour, facétie et sens de la dérision et de l’autocritique. Cet humaniste cultivé a passé le relais à son neveu Michel, notre Gouverneur, et à son petit-neveu Gilles, Député Fédéral. Longtemps encore, le nom de Foret brillera de mille feux sur notre ville et notre province.

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  Maître Annie CHARLIER est décédée le 2 décembre 2013. Née à Rocourt le 5 juillet 1952, elle obtint son doctorat en droit le 13 juillet 1976 à l’Université de Louvain, puis prêta le serment d’avocat, le 21 septembre 1976 sous le patronage de Maître Jean-Marie Discry. Elle fut admise au stage le 21 septembre 1976, puis au Tableau le 29 avril 1980. Maître Annie Charlier était avocat à Rocourt, où elle exerçait à titre individuel. Nonobstant ses problèmes de santé, qu’elle portait en elle avec discrétion depuis des années, elle a tenu à rester jusqu’au bout avocat, passionnée qu’elle était par son métier. En dépit de la maladie, elle demeurait curieuse de tout, soucieuse de l’avenir des siens et toujours optimiste. N’avons-nous pas trop souvent l’impression que ceux qui partent trop tôt, bien avant nous, ont eu mieux que nous l’amour de la vie ? Son mari, ses enfants et son petit-fils veulent naviguer dans son sillage, toujours avec elle dans cette éternelle quête du bonheur. Le chagrin est l’ombre faite par la lumière de ceux qui partent.

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  Le 2 janvier 2014, Maître Léon PETIT nous quittait. Il était né à Ougrée le 16 mai 1922. Après avoir obtenu son doctorat en droit à l’Université de Liège le 1er juillet 1947, Maître Léon Petit prêta le serment d’avocat le 11 septembre 1947, et fut inscrit à la Liste des stagiaires le 23 septembre 1947 puis au Tableau de l’Ordre le 24 avril 1951. Maître Léon Petit fut membre du conseil de l’Ordre de 1968 à 1969, et de 1969 à 1970. Il fut admis à l’honorariat, à sa demande, le 6 octobre 1970. Maître Léon Petit perdit son père à l’âge de 15 ans et, pour se sortir d’un contexte particulièrement féminin, car il vivait entouré de sa mère et deux vieilles tantes, il s’est impliqué dans une grande et longue passion pour le scoutisme jusqu’à son mariage, passé la trentaine. C’était un homme très croyant qui fut porté par sa foi toute sa vie. Il rêvait d’enseigner le latin et le grec mais, ayant échoué à l’examen, il bifurqua vers des études de droit. Cet homme se voulait juste dans sa vie quotidienne comme dans son métier, mais il voulait rester discret et fuyait les honneurs. Passionné par le droit social, il enseignait comme professeur à l’école sociale concomitamment avec sa profession de magistrat. Cet homme réservé, d’aspect sévère, avait une grande passion pour Simenon. Ainsi, il aimait l’homme décliné dans toute sa diversité.

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  Maître Georges REMY est décédé le 7 février 2014. Né à Liège le 18 juillet 1934, il obtient son diplôme de licencié en droit de l’Université de Liège le 6 octobre 1963. Maître Georges Remy a prêté le serment d’avocat le 24 octobre 1963 sous le patronage de Maître Théo Collignon. Inscrit à la Liste des stagiaires le 29 octobre 1963, il fut inscrit au Tableau de l’Ordre le 11 mars 1969. Maître Georges Remy a été conseiller de l’Ordre durant l’année judiciaire 1979 – 1980. Maître Georges Remy était un homme trop complexe pour être décrit en quelques lignes, il ne l’aurait pas supporté. Voici les mots qui ont été dits à ses funérailles, des mots qui convenaient pour cet homme difficile et sensible : « Un homme de droit, travailleur, attentif, rigoureux, aimant son métier, d’une grande culture et doté d’une fine intelligence, maniant le droit avec justesse et clairvoyance, sachant s’entourer de collaborateurs compétents et efficaces. Pénétré d’un orgueil et d’un égoïsme propres à sa personnalité, il cachait cependant sous son verbe haut une sensibilité qu’il dissimulait soigneusement sous des dehors de matamore, n’autorisant personne à entrer dans son monde intime pour ne pas donner champ à trouver une faille. Il ne baissait jamais sa garde, ce qui lui valut de nombreuses rancœurs et incompréhensions. Il savait apprécier les services rendus, ce qui lui permettait de maintenir son petit monde autour de lui. Il était lui, c’est tout. » Maître Georges Remy était « un personnage » … En fermant la porte du cabinet d’avocat, Maître Remy redevenait un chasseur. Cette passion pour la chasse était sans limite, sa compétence en matière cynégétique phénoménale, et c’est à lui que l’on doit encore d’avoir fait de la forêt d’Anlier ce territoire de chasse mythique, dont tous les chasseurs rêvent. Je suis entré dans cette maison d’Attert, en bordure de cette forêt d’Anlier. Il y vivait au milieu de ses trophées de chasse, qui lui venait d’Afrique, de Belgique et de partout ailleurs. Cet homme possédait un réel don pour le piano et la musique classique. Il en jouait avec maestria, notamment en compagnie de son vieil ami Jacques Gentil, ancien Président du concours Reine Elisabeth. Ses amis fidèles ont eu le plaisir d’assister dans son refuge ardennais à des récitals de grande qualité. Jusqu’à son dernier souffle, cet homme, par tous ceux qui l’entouraient et l’assistaient, se fit appeler « Maître ».

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  Maître Joseph CARPAY nous quittait le 22 mai 2014. Né à Liège le 23 septembre 1917, il prêta le serment d’avocat le 19 décembre 1940 sous le patronage de Maître Musch. Inscrit à la Liste des stagiaires le 14 janvier 1941, il fut inscrit au Tableau de l’Ordre le 1er février 1944. Il fut admis à l’honorariat le 19 mars 1983. Nous nous sommes à peine croisés, sa vie d’avocat était pleinement accomplie alors que je débutais la mienne. Quelques jours avant son décès, cet homme déclarait à ses proches en guise de testament : « J’ai eu une belle vie » et encore « Prenez bien soin de Maman », cette femme qui l’accompagna au terme de 68 ans de mariage. Cet homme indépendant préférait le silence au bruit, le calme aux mondanités. Maître Joseph Carpay s’était investi dans la défense des « classes moyennes » dès la Libération en 1944. Avec André Robert, il a créé à Liège un « mouvement de défense des indépendants et des petits entrepreneurs », neutre d’un point de vue politique et philosophique. Il plaidait pour la liberté économique mais aussi pour les règles protectrices à l’égard des acteurs les plus faibles. L’UCM lui a rendu hommage en ces termes : « Joseph Carpay était non-voyant mais doté d’une intelligence, d’une mémoire et d’une compréhension de la société exceptionnelles, il fut réellement un visionnaire social et politique. Son œuvre a évolué, mais les grands principes sont restés. Il a imaginé l’UCM sur les deux jambes du mouvement de la défense de la politique et des services concrets de qualité. C’est encore ainsi qu’elle avance aujourd’hui. Il a voulu donner aux indépendants et aux petites entreprises leur place dans le dialogue social et obtenir pour eux le respect et l’attention du monde politique. Il a réussi. » Le barreau de Liège s’honore d’avoir eu dans son sein une telle personnalité.

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  Maître Jean VIVARIO est décédé le 2 août 2014. Né le 29 octobre 1932, il a prêté le serment d’avocat le 28 novembre 1957 et fut inscrit à la Liste des stagiaires à la même date. Maître Jean Vivario fut inscrit au Tableau de l’Ordre le 21 juin 1961, et admis à l’honorariat le 1er janvier 2007. Le personnage était tout en rondeurs, doté d’un sens aigu de l’humour, aimable et affable, précautionneux à l’égard des plus jeunes, et j’en fus ; d’humeur constante et au caractère jovial, ce qui lui attirait naturellement la sympathie de tous et le respect des confrères, tant il portait haut les valeurs de la confraternité. Maître Vivario était un spécialiste du droit commercial, du contrat de bail commercial, et du contrat de brasserie. Sa fille Marielle, aujourd’hui magistrat, nous a rappelé sa véritable amitié pour les animaux, et en particulier les chiens. Maître Vivario était un redoutable négociateur. Affable, il savait amadouer son interlocuteur, et sa gentillesse était naturelle. S’il ne parvenait pas à se faire comprendre par les moyens de sa nature, le gentil chien se transformait en chat, et il avait la griffe facile. Maître Vivario a réussi là où j’ai échoué : imposer un chien dans son bureau. On me parle de Spirou, le griffon d’écurie, de Janou, un merveilleux berger picard, de Laura, un petit yorkshire très affectueux, de Minnie, le jack russel et enfin de Mickey, le chien qui cumulait toutes les races. Malgré ses rondeurs impressionnantes, Maître Vivario aimait beaucoup le sport et la pratique de la voile, du cyclisme et du ski de fond. Dans sa jeunesse, il avait joué au tennis et au hockey et y avait développé naturellement les amitiés qui, très sincèrement, l’ont accompagné tout au long de sa vie. Cet homme avait donc une belle fourchette et son appétit nécessitait un frigo à sa dimension pour quelques « fausses faims ». La table pour lui était synonyme de partage. Maître Vivario, nous aimerions tous vous ressembler. Avec vous, la vie serait plus belle, plus conviviale, plus humaine.

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  Maître Anne BAUMEL, inscrite au barreau de Verviers, est décédée le 19 décembre 2013. Née le 1er mai 1965, elle a prêté serment le 1er septembre 1988, après un brillant parcours universitaire aux Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix de Namur, puis à Louvain-la-Neuve. Elle sera inscrite à la Liste des stagiaires du Barreau de Mons le 8 septembre 1988 et ensuite au Tableau des Avocats du même Barreau le 3 octobre 1991. Après une période d’interruption d’un an pour accompagner son époux qui poursuit sa formation de médecine physique en France, elle se réinscrit au Barreau de Mons avant d’être admise au Tableau de l’Ordre des Avocats du Barreau de Verviers le 30 septembre 1994. Très vite, Maître Baumel va découvrir les modes alternatifs de résolution des conflits et plus spécialement, la médiation familiale. Convaincue du bien-fondé de ce mode volontaire de résolution des conflits qu’est la médiation, Maître Baumel en sera une praticienne convaincue et passionnée. Elle suivra nombre de séminaires en Belgique, mais en France également, et lira de nombreux ouvrages à ce sujet. Elle sera par ailleurs la première médiatrice agréée de la région de Verviers.

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  Maître Patrick TAQUET, avocat au barreau de Verviers, nous a également quittés le 4 juillet 2014. Né à Ixelles le 26 avril 1960, Maître Taquet a prêté le serment d’avocat le 16 octobre 1984 et a été inscrit au Tableau de l’Ordre du Barreau de Verviers le 8 janvier 1988. Membre et animateur patenté du Jeune Barreau de Verviers, il fut aussi membre à plusieurs reprises du conseil de l’Ordre de Verviers. Brillant avocat, brillant juriste, brillant plaideur redouté et redoutable, d’une confraternité sans faille et d’une amitié sans borne, l’homme n’était-il pas en définitive trop brillant, trop fragile pour ses doutes et ses fêlures ? A lui ne peut-on appliquer l’adage qui nous dit « j’étais l’homme le plus riche du monde, mais l’or m’a ruiné ». Monsieur le bâtonnier Marc Gilson lui a rendu un hommage vibrant, ému par l’amitié qui disparaissait. Son évocation, que je ne pourrais paraphraser, mettait en lumière l’éclat d’un homme que la douleur sombre du départ a obscurci jusqu’au vertige. Les barreaux du ressort de la cour d’Appel s’associent aux condoléances du barreau de Verviers destinées à ses deux enfants, Julien et Lara, à Brigitte la mère de ses enfants, à ses amis, nombreux, et à sa famille.

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  Maître Fernand BAIVIER, avocat au barreau de Verviers, est décédé le 14 juillet 2014 dans sa 94è année. Il a prêté le serment d’avocat le 7 octobre 1947. Il a exercé son métier pendant 56 ans et a été admis à l’honorariat le 31 décembre 2003. Maître Fernand Baivier a été avocat, mais aussi Juge de Paix suppléant honoraire, bâtonnier du barreau de Verviers, membre actif dans la création de l’asbl l’Alignement devenue La Cité de l’Espoir, mais encore membre fondateur et Président honoraire de l’asbl Gîte en Fagne, Président d’honneur de l’asbl Les Minières, et enfin il fut un membre actif, tant local que national, du mouvement scout neutre et pluraliste de Belgique. Maître Fernand Baivier a exercé son métier dans le respect total de la déontologie, de ses confrères et des magistrats. C’était cependant aussi un adversaire redoutable et redouté, assurément une vertu verviétoise. Pour lui, il n’y avait pas de petits et de grandes causes. Il y avait tout simplement, quelle que soit leur importance, le souci primordial, érigé au rang d’un impératif d’ordre moral, de défendre au mieux les intérêts de ceux qui faisaient appel à sa compétence unanimement reconnue. L’homme n’avait pas besoin d’effusion ni de démonstration appuyée de ses sentiments pour s’engager, promouvoir, aider la jeunesse à construire son avenir. L’engagement et le sens du devoir ont été transmis en héritage à ses enfants et notamment à son fils Jean, devenu bâtonnier du barreau de Verviers et, comme lui, impliqué dans son œuvre majeure : la Cité de l’Espoir. Cette admirable institution se charge de l’accueil dans un milieu de vie le mieux adapté à ses besoins de personnes souffrants d’un handicap mental grave. Partie en 1952 d’une initiative d’une association de parents, cette institution majeure peut actuellement accueillir 310 personnes. Monsieur le bâtonnier Fernand Baivier a donc donné le goût de l’espoir, l’a transmis à tous en héritage, dans l’avenir, dans les vertus de la jeunesse, dans les vertus de l’engagement. Quelle leçon pour notre époque qui s’apitoie sur elle-même et se fige dans l’égoïsme.

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  Nous ne nous lasserons pas de l’espérance. Je vous remercie de votre attention. André Renette, Bâtonnier de l'Ordre