Allocution prononcée par Monsieur le Bâtonnier François Dembour à l'occasion de l'hommage rendu au Bâtonnier Jacques Henry 30 ans après son décès le 29 mars 2017

Discours

 width=Recueillement auprès de la plaque commémorative

  Nous sommes nombreux à nous souvenir de ce 1er avril 1987 ; nombre d’entre nous étaient ici, dans ce Palais de justice. Il n’y a pas de prescription pour rendre hommage à la mémoire d’un homme. Il y a 30 ans, quelques secondes d’aveugle violence avaient suffi pour nous enlever le bâtonnier Jacques Henry ; il est mort, à la barre, victime de cette violence qu’il avait toute sa vie combattue. (J.T. 2015, page 560) Et pourtant, la mort n’a pas triomphé de pareil homme, c’est lui qui l’a vaincue, puisqu’au-delà de sa disparition, il vit dans notre souvenir. Les avocats que nous sommes, ceux qui l’ont connu, ceux qui l’ont lu, songent aux heures de jadis où ils tiraient d’un tel exemple tant de leçons, ils songent à ces heures où passait parmi nous sa grande figure. La conception de notre profession et le culte qu’il lui vouait impliquaient une loyale grandeur dans l’accomplissement de ses devoirs. Il comprenait et transmettait cette grandeur : le combat de la barre est la lutte la plus franche, la plus ouverte ou aucune surprise n’est autorisée. Il nous appartient, à notre tour, de maintenir vivantes et de transmettre les belles et universelles valeurs que Jacques défendait, au nom sans doute de cette « ferveur intemporelle » qu’il aimait tant. (Paul Martens, JLMB, 2007, page 550)  

Accueil dans la salle des séances solennelles de la Cour d’Appel

 

Jacques Henry était le maître à penser, à défendre, à oser des jeunes avocats dont il soutint les actions les plus subversives (J.T. 2015, page 560) ; il était l’incarnation même du droit à visage humain (Paul Martens, Actes du Colloque Jacques Henry, Editions du Jeune Barreau, Synthèse, page 209). L’on peut affirmer sans risque d’être démenti que si le Barreau a compté et compte encore dans ses rangs d’éminentes personnalités, celle dont nous saluons ce jour la mémoire brilla parmi celles-ci d’un pur et étincelant éclat. Si nos vies et nos parcours professionnels suivent des voies parallèles, elles bifurquent et se rejoignent aux heures du souvenir. Le bâtonnier Jacques Henry possédait un caractère d’une inflexible droiture auquel on pouvait faire confiance sans crainte d’être jamais déçu ; il était la personnification même de l’avocat et assumait sa profession avec cette sereine grandeur de vue qui lui permettait de comprendre juste et de décider vrai. Avant de céder la parole aux différents intervenants, j’emprunte au bâtonnier Yvon Hannequart ces quelques lignes, écrites après ce « coup de feu provoqué par la délinquance en révolte » (J.L., 1987, page 477) : « Cette mort consacre et couronne le sens et la plénitude de sa vie (…). Le refus de l’hypocrisie, des faux-fuyants, des poncifs, du qu’en dira-t-on, et de toute opposition, s’agit-il même de celle des règles ou des traditions, qui dérivent sous l’usure du temps.  La vigilance à réagir et à protester, l’interpellation franche et la contradiction vigoureuse de l’interlocuteur ou de l’adversaire. Mais en contrepartie, avec la reconnaissance des nécessités de transiger, la soif de l’équité et le souci de la mesure, l’esprit de tolérance et d’ouverture aux conceptions d’autrui, un humour nuancé et un sourire parfois énigmatique, proche du scepticisme. » Nous nous souvenons de ce sourire si particulier…

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Chère Mabeth, Madame, Messieurs les Bâtonniers, Chers Confrères, Mesdames, Messieurs en vos titres et qualités, Chère famille de Jacques Henry, Et surtout chers amis, Monsieur le bâtonnier Eric Lemmens, lequel est à l’initiative de la manifestation de ce jour, et moi-même sommes convaincus que la mesure des mots qui seront prononcés dans un instant donnera à cette cérémonie une grandeur dont les cœurs garderont la mémoire. François Dembour, Bâtonnier de l'Ordre