Allocution prononcée par Monsieur le Bâtonnier François Dembour à l’occasion de l’assemblée générale de l’Ordre le 23 juin 2016

Discours
 width=Monsieur le Président d’AVOCATS.BE, Monsieur l’Administrateur d’AVOCATS.BE, Madame le Bâtonnier, Messieurs les Bâtonniers, Mes chers Confrères, « Quand le jeu est terminé, c’est alors que tout commence ». Eh oui… j’ai encore osé une métaphore sportive ; cette phrase, je l’ai empruntée à un footballeur et commentateur sportif américain, Jerry Kremer. Patience, plus qu’un an d’allusions sportives. Plus littéraire, Jean D’Ormeson dirait sans doute « la vie n’est qu’une suite de commencements indéfinis dans le temps » . Ceci, pour vous dire que maintenant que la compétition pour le vice-bâtonnat est terminée, nous devons retrouver le temps de la collaboration. La compétition peut être un piment indispensable, mais si ce dernier constitue le seul ingrédient du plat, il devient indigeste. Le barreau et son Ordre ont besoin de toutes les compétences et de tous les talents.   1) Me Jean-François Henrotte : C’est avec des avocats tels que vous que le barreau peut envisager sans inquiétude son évolution technologique. S’il est vrai que les plus belles stratégies s’écrivent au passé, Me Henrotte est un bâtisseur, il construit l’édifice sur lequel le barreau avance dans le 21è siècle. Jean-François, Il y a les êtres qui font que les choses arrivent, ceux qui les regardent arriver et ceux qui ne s’aperçoivent pas qu’elles sont arrivées. Vous êtes des premiers et ce n’est pas pour rien que vous voulez « défier » le statu quo. Mais comme vous le savez, même les changements les plus souhaitables n’empêchent pas une certaine mélancolie du passé. Steve Jobs aimait répéter cette phrase de Henry Ford, que vous citez aussi : « vous ne pouvez demander aux gens quelle sera la prochaine révolution. Si j’avais demandé à mes clients ce qu’ils voulaient, ils m’auraient répondu un cheval plus rapide ». Me Henrotte, vous avez donné rendez-vous au barreau pour poursuivre l’évolution dans laquelle vous l’avez inscrit, tout en composant avec cette part de mélancolie que nous conservons encore au fond de nous.   2) Me Isabelle Tasset : Oscar Wilde disait : « Celui qui cherche une femme belle, bonne et intelligente n’en cherche pas une mais trois ». Une vision de la femme d’un autre âge. Mais s’il avait connu Me Isabelle Tasset, il n’aurait certainement pas tenu ce propos. Disons-le d’emblée, Isabelle, vous voulez la modernisation du barreau, mais vous veillez à regarder par-dessus l’épaule pour être certaine que chacun d’entre nous vous suit. Pour vous le progrès doit servir l’homme et non l’inverse. Votre expérience en médiation vous permet de comprendre et de respecter la complexité de l’être humain. A cet égard, un confrère m’a dit que vous étiez capable de ne jamais accepter un « non » de quelqu’un qui était incapable de dire « oui » et inversement ; c’est dire votre infinie patience. Ce qui est le meilleur dans le nouveau, disait Paul Valéry, est ce qu’il répond à un désir ancien. Chère Isabelle, le barreau compte que vous ferez du nouveau en préservant ce désir jamais disparu chez nous, les avocats, de rester des hommes et des femmes qui travaillent pour des hommes et des femmes.

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Il y a aussi ceux qui quittent le conseil cette année et je sais que je pourrai encore compter sur eux. Cette année, je commencerai par les remerciements. D’abord parce que les remerciements n’attendent pas et surtout parce que c’est souvent la partie d’un discours qu’on attend le plus ; le dessert en quelque sorte. Commençons par le dessert donc ; je vais m’adresser à ceux qui ont fait équipe avec moi et qui ont permis les réalisations dont je vous parlerai dans quelques instants.   Monsieur le Bâtonnier Luc - Pierre Maréchal Monsieur le Bâtonnier, Mon cher Luc, Vous écriviez le 20 juin 1992 qu’être belle-mère n’est pas un rôle facile : « il faut », écriviez-vous, « tout à la fois être prêt à seconder le bâtonnier, l’éclairer sur tel ou tel danger potentiel dans les projets qu’il initie, rappeler parfois quelques grands principes essentiels mais tout en n’écornant pas les prérogatives du bâtonnier en exercice et en n’annulant pas les impulsions nouvelles que celui-ci veut donner. » Voilà sans doute ce que toutes les belles-mères -les vraies- devraient entendre : oui, on n’entre pas dans le ménage et on ne fait pas le ménage. Monsieur le bâtonnier Maréchal, si je n’ai pas été le gendre idéal, vous, en revanche, avez été à mes côtés une belle-mère discrète et efficace. Une belle-mère de rêve. Nous faisons partie de cette profession que Shakespeare cite en exemple dans une de ses pièces : « agissons comme les avocats » fait-il dire à un de ses personnages, « ils combattent avec chaleur au barreau puis mangent et boivent entre amis ». Notre confrère Dupond-Moretti que nous avons accueilli au palais des congrès le 4 février l’exprime autrement : « la plupart des avocats sont des mecs marrants, irrévérencieux, insolents » ; et d’ajouter « une tablée d’avocats c’est un joyeux bordel. Cinq avocats se marrent mieux que cinq juges. » Vous comprendrez que je ne ferai aucun commentaire, laissant ce soin aux époux et épouses d’avocats. Monsieur le bâtonnier Maréchal, vous vous êtes même retenu de trop nous parler de l’élasticité ou de la rigidité de la demande… Merci pour votre convivialité, votre conviction, votre présence, vos avis pertinents et passionnés, votre vue pénétrante et claire. L’année prochaine, vous nous manquerez, vous me manquerez.   Me Sophie Kessels (7/12/1982) Les traits de caractère de Me Kessels sont : l’humour, beaucoup d’humour et quand je dis cela, je pense que l’humour n’est possible qu’à la faveur de la liberté d’esprit la plus absolue. Et l’autodérision aussi. Ce sont là, en matière de séduction, des armes fatales. Si vous êtes sévère vis-à-vis de vous-même, en revanche, vous laissez place à une grande humanité vis-à-vis des autres. On aime votre franchise, la vraie, pas celle qui consiste à dire ce que l’on pense, mais à penser ce que l’on dit. Comme présidente de la commission « droit de la famille », on ne pouvait avoir mieux, et c’était un plaisir de vous avoir au conseil, ma chère Sophie, d’humeur égale, toujours souriante. Chère Sophie, vous terminez votre cinquième mandat en qualité de membre du conseil de l’Ordre, vous récupérez donc du temps pour protéger vos fils de leur pratique footballistique tellement dangereuse.   Me Vincent Jammaer (25/9/1984) Me Vincent Jammaer termine son quatrième mandat en qualité de membre du conseil de l’Ordre. On aime votre spontanéité, votre sens de l’interpellation, votre attention à la vie quotidienne des membres du barreau. Pour moi, je parle d’un ami de presque 40 ans (depuis notre rhétorique commune). Chacun a sa définition de l’amitié. J’aime celle qui dit qu’un vrai ami, c’est celui qui ne vous laisse pas faire des choses stupides… du moins jamais seul. On dit que le barreau est une grande famille, mais les grandes familles dessinent aussi pour une part le barreau, Vincent quitte le conseil de l’Ordre pour poursuivre sa carrière d’avocat en famille, avec son frère Thierry, sa nièce Anne-Charlotte et sa fille Maud.   Me Serge Mascart (17/9/1996) Ancien Président du bureau d’aide juridique, vous avez mis « tout seul » en place la nouvelle commission d’aide juridique. Vous avez participé et participez encore à de multiples réunions, dans l’ombre et dans l’efficacité. Vous êtes aussi un grand « rapporteur » : cette année, vous m’avez adressé 227 notes de travail, comportant en moyenne 3 pages et demi… et pourtant vous réalisez l’exploit de très rarement vous répéter (enfin presque). Serge, vous allez quitter, dans quelques semaines, non seulement le conseil de l’Ordre, mais également notre profession, puisque vous serez, à partir du 1er septembre 2016, le 1er directeur du Bureau d’aide juridique du barreau de Liège. Je vous souhaite bon vent, mon cher Serge, même si je sais que nous aurons encore l’occasion de nous voir très souvent.   Me Gaël Tilman (20/10/1999) Vice-Président de la commission des honoraires, fiscaliste du conseil de l’Ordre, Me Gaël Tilman s’exprime lentement, distinctement, posément, ce qu’il dit est toujours très écouté… d’autant plus qu’il n’hésite pas à aller à contre-courant. Devant Gaël, il est dangereux d’avoir une idée fixe : il faut d’abord prouver qu’on n’a pas tort et ensuite qu’on a raison. Il quitte le conseil de l’Ordre, mais il continuera à rendre d’importants services à l’Ordre et aux confrères.   Me Jean-François Dister (27/9/1999) Jean-François est bilingue, et donc prédestiné à être notre « collectionneur » de rentrées flamandes : merci Jean-François ! Jean-François interroge, discrètement, il pose les bonnes questions, même celles qui dérangent, il a même des questions à toutes nos questions. Vice-Président de la commission des Libertés : on espère que vous y resterez actif. Je sais, vous n’en pensez pas moins…   Me Jean-François Henrotte (20/9/1994) Me Henrotte a un air d’éternel premier de classe, qu’il a dû être certainement, et qu’il est encore lorsqu’il prend en charge certaines tâches. Me Henrotte, vous êtes un maître pour mêler au barreau idées et technologie. Un confrère m’a dit que vous étiez un croisement de Harry Potter et de Bill Gates. Vous avez aussi cette incroyable capacité de proposer des nouveautés dont on discute l’utilité pour s’apercevoir tout à coup qu’on ne pourra plus s’en passer. Michel Serres disait dans une de ses conférences que « chaque fois qu’il y a un changement, il y a un Socrate qui engueule un Platon » ; j’ajouterai que chaque fois qu’il y a un changement, c’est que Me Henrotte n’est pas loin, et qu’il ne lui déplaît pas de jouer le rôle de Socrate.   Me Françoise Wilmotte (21/10/1997) Me Françoise Wilmotte est spécialiste en droit de la famille et spécialiste en droit patrimonial de la famille depuis 2015. Il y a deux ans, Françoise a posé sa candidature « spontanée » au conseil de l’Ordre (ce qui devient rarissime). On aimerait encourager cette attitude. Françoise Wilmotte n’a pas de préjugé. Elle donne ses avis selon son bon sens. Le préjugé, c’est de savoir ce qu’il faut penser sans avoir réfléchi ; le bon sens, c’est de savoir ce qu’il faut faire. Françoise, votre bon sens nous a si souvent été bien utile.

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Il y a les membres qui restent au conseil et qui feront encore don de leur temps et de leur énergie. Chers Confrères qui restez au conseil, il paraît que pour être parfait, le don doit être libre de toute attente d’une récompense, de tout espoir d’être loué ou remercié. Je l’ai lu dans un livre intitulé « Le Moine et le Philosophe », écrit par Matthieu Ricard et Jean-François Revel. Même si parfois le travail qu’on attend d’un membre du conseil peut avoir des furieuses ressemblances avec celles d’un moine ou d’un philosophe, je vous adresse déjà mes remerciements pour l’activité que vous consacrerez encore à l’Ordre pendant l’année à venir. Si vous le voulez bien, je vous en parlerai dans quelques jours. Une mention spéciale pour Philippe Culot, directeur scientifique de l’Ordre, acharné et fiable, même s’il est parfois de « mauvaise foi »… vous ne pouvez pas vous tromper, c’est quand il élève la voix. Un bâtonnier sans secrétaire de l’Ordre ne saurait être efficient. Julie Bockourt a été d’une efficacité, d’une précision et d’une vigilance de tous les instants. Elle mérite évidemment ma gratitude mais également celle de l’Ordre et de tous les avocats.

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Je suis convaincu que la force et l’indépendance des avocats se forgent et se comprennent tout au long de nos carrières, leurs compétences se magnifient par le passage dans les commissions et au conseil de l’Ordre. Le conseil de l’Ordre, c’est la discipline individuelle qui se transforme en sport d’équipe, avec parfois des bouleversements des hiérarchies traditionnelles. Les élections que nous venons de proclamer confirment le rajeunissement de notre conseil de l’Ordre : je vérifierai mais je pense que la moyenne d’âge n’a jamais été aussi basse avec, notamment, cinq membres du conseil de l’Ordre âgés de moins de 35 ans.

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Le « cabinet » du bâtonnier : Il y a la « solitude » du bâtonnier, mais elle est vraiment atténuée par la présence immédiate de sa « garde rapprochée » et des nombreux confrères qu’il peut appeler à tout moment pour un service, un conseil. J’ai conçu mon bâtonnat comme un travail d’équipe, où règnent la collégialité et la délégation. Je tiens à exprimer mon ressenti et mon extrême gratitude vis-à-vis de tous ceux qui se sont investis et impliqués (dans leurs actes de tous les jours) dans « les choses de l’Ordre ». Ma première année de bâtonnat m’a confirmé que la gestion de notre Ordre s’appuie non seulement sur les membres d’un personnel de qualité, mais également sur un grand nombre de nos confrères qui luttent au quotidien pour préserver et améliorer les piliers de notre profession : je ne pourrai les citer tous.   Me Jean-Jacques Germeau Comme je le disais le 18 juin 2015, vous m’avez accordé la faveur de rester actif durant deux ans encore. Votre expérience a guidé et guidera encore durant un an mon action quotidienne et celle de notre Ordre. J’espère que le 31 août 2017, je ne vous aurai pas « épuisé » et que vous serez encore disponible pour le prochain bâtonnier…   Me Bernard Ceulemans Vous êtes économe de vos mots et aimeriez sans doute que les autres le soient aussi. L’an dernier, je vous ai même surpris à regarder votre montre, comme un chirurgien contrôle la durée de l’anesthésie. Lorsque vous prenez la parole, c’est avec précision et conviction. En votre qualité de Président du centre de formation professionnelle, vous restez attentif à défendre les intérêts des stagiaires, et vous avez pour eux de l’ambition. Votre expertise de la « petite » déontologie et des procédures disciplinaires nous seront encore indispensables.   Me José Mausen Vous êtes Président de la commission de déontologie quotidienne, mais également secrétaire du conseil de discipline. Vos avis sont pertinents et précis, et votre intervention annuelle lors de l’après-midi des bâtonniers au séminaire de déontologie est toujours très appréciée et irréprochable. Le conseil de l’Ordre ne pourra pas se passer de vous encore très longtemps. Le bâtonnier Didier Matray disait de vous lors de l’assemblée générale du 16 juin 2005 : « au conseil de l’Ordre, Me José Mausen écarte bien des dangers. Nous connaissons tous la réputation d’excellence de Me Mausen, et sans être ni le plus jeune ni le plus ancien, il a le don de retourner comme un gant les vérités premières, afin d’en montrer les coutures… il nous évite ainsi bien des erreurs. » Quant à vous, Madame et Messieurs les anciens bâtonniers, j’ai pu bénéficier, à chaque sollicitation et immédiatement, de vos très précieux et pertinents conseils, et ce encore il y a quelques jours, lors de notre traditionnelle rencontre. Une distinction pour Monsieur le bâtonnier Eric Lemmens : l’homme des missions concrètes et délicates : je garde en mémoire sa prestation 5 étoiles lors de la venue de notre confrère Dupond-Moretti aux Grandes Conférences Liégeoises le 4 février 2016, ainsi que sa prestation tout en nuances et en humour lors du débat des candidats au vice-bâtonnat le jeudi 12 mai 2016. Quel confort de pouvoir compter sur la disponibilité et la brillance intellectuelle de Monsieur le bâtonnier Lemmens. - Ils sont six : Ils sont six au service direct de l’Ordre. Six que je remercie ici collectivement, mais qui mériteraient individuellement des pages de remerciements. Ils, ce sont : Simone, Silvia, Carine, Bérénice, Eric et Xavier. L’Ordre leur doit beaucoup, le bâtonnier est mieux « servi » qu’un ministre… Au début du bâtonnat, j’ai eu du mal à m’y faire, mais à présent, j’ai perdu l’habitude de demander. Vous m’avez appris à recevoir avant même de savoir ce dont j’avais besoin. Vous maîtrisez mieux que beaucoup d’entre nous les rouages de notre Ordre. C’est grâce à eux, et spécialement à leur travail inlassable de ces derniers jours, que je tiens en mains le rapport d’activités 2015-2016 de notre Ordre ; je vous invite à le consulter dès à présent…ou à l’emporter en vacances !   Eric, Monsieur le Directeur de l’Ordre, 25 années parmi nous n’ont pas eu raison de vous. Pour le grand bénéfice de tous, vous continuez à nous rappeler, chaque jour, … à l’ordre.   Silvia, je savais déjà que vous, si vous savez tout, vous ne dites rien. Par contre, je ne savais pas encore qu’avec vous, il vaut mieux ne pas penser : en effet, vous lisez si vite dans les pensées du bâtonnier que la tâche est déjà accomplie avant qu’il ne vous la confirme…ce qui n’est pas sans risque s’il change d’avis.

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Mes pensées vont également à ceux qui se sont portés candidats et qui n’ont pas été élus.

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Lors de l’assemblée générale du 18 juin 2015, je vous avais annoncé que mon action s’articulerait autour d’un triple saut, en référence au « fameux » triple saut de Jonathan Edwards certes, mais aussi de notre Ministre.   Un rappel du 18 juin 2015 en quelque sorte…   I. PREMIER SAUT : LE « CLOCHE-PIED » : L’ORGANISATION DU BARREAU   1.1. Le comité de direction Le comité de direction s’est réuni à 16 reprises en alternance avec les conseils de l’Ordre. Le but est de moderniser la structure de notre Barreau qui compte aujourd’hui près de 1.000 avocats. Monsieur le bâtonnier Delvaux, je suis d’accord avec vous : il paraît primordial à présent : - de répartir les tâches ; - de les définir : celles qui relèvent du conseil de l’Ordre, d’autres d’un conseil d’administration ; - de mettre en place les instruments d’un travail en équipe et de prévenir ainsi les potentialités de « dérives » de tout exercice « personnel » d’un « pouvoir » ; Le code judiciaire ne donne pas la prérogative pour un membre du conseil de l’Ordre d’intervenir sur tout. Notre comité de direction devra être évalué avec le conseil de l’Ordre dès la rentrée judiciaire.   1.2. L’organisation externe du Barreau J’accueille avec plaisir parmi nous Messieurs les bâtonniers Jean Baivier et Pierre Henry. Ils nous font le plaisir et l’honneur d’avoir accepté notre invitation. Monsieur le bâtonnier Baivier, mon cher Jean, rassurez-vous, je ne laisserai pas, cette fois, Me Philippe Culot pousser la chansonnette. Les travaux de rapprochement et de réflexion avec les barreaux de Verviers et de Huy ont repris. On le doit au dynamisme du secrétaire de la commission mixte, Me Pierre Bayard. La collecte des informations est terminée, nous allons au mois de juillet procéder à la rédaction d’un tableau comparatif entre les trois barreaux, ce qui permettra une analyse et un travail de compréhension des trois Ordres. Après quoi la mission confiée à la commission mixte sera achevée. A ce stade, il n’est pas possible d’aller plus loin. Pourquoi ? C’est que les représentants du barreau de Huy n’ont qu’un mandat « d’observateurs actifs », et les représentants des barreaux de Liège et de Verviers ont accompli leur tâche, d’abord en 2014, et ensuite en 2015-2016. Ce serait dommage d’avoir un « BREXIT » hutois avant même de commencer. Dans les prochaines semaines, les représentants des barreaux renverront les informations collectées à leur conseil de l’Ordre : j’y reviendrai tout à l’heure.   II. DEUXIÈME SAUT : LA FOULÉE, LE « STEP » : L’ACCOMPAGNEMENT DE LA « GRANDE TRANSFORMATION DES AVOCATS »   2.1. La formation initiale : Le conseil de l’Ordre a suivi les travaux initiés par la commission formation initiale et stage d’AVOCATS.BE. Cette commission planche depuis plusieurs années sur une réforme de la formation initiale. Vous connaissez la remarque de Bernard Pivot sur les intellectuels - dont nous faisons partie - : « un intellectuel, c’est quelqu’un qui réfléchit avant de parler, qui réfléchit avant de réfléchir, et qui réfléchit même sur l’utilité de la réflexion proprement dite ». Voilà sans doute pourquoi, chez nous, les choses prennent tant de temps. Si la grande majorité des barreaux – dont le barreau de Liège - sont favorables à un système de cours accélérés au début du stage, l’enthousiasme pour la perspective de l’itinérance du stagiaire et celle de la formation aux outils est plus mitigé. Dans les prochains mois, je trouverai des solutions permettant à l’université et au barreau de Liège de maintenir les excellentes relations qu’ils entretiennent depuis des décennies.   2.2. Les avocats médiateurs : Le centre de médiation du barreau de Liège a organisé un premier cycle de formation de l’avocat-conseil en médiation, à l’ULg les 22 octobre et 27 novembre 2015. Des permanences au Tribunal de la famille, devant le Juge des saisies, ainsi qu’au Tribunal du travail ont été installées. Le centre de médiation a pu organiser une après-midi de cours pratiques avec le soutien de Madame Fabienne Bayard, Présidente du Tribunal de commerce de Liège. Un film a été réalisé ; il a été présenté dans plusieurs centres dont celui de la formation des magistrats.   2.3. Les initiatives de la commission communication et techniques de l’information : Depuis avril 2016, les justiciables ont à leur disposition quelques modèles de contrats : cette initiative a été relayée par la presse et rencontre un intérêt prometteur. Des séminaires de formation à la communication au public, à la gestion des réactions, des conflits, à la communication avec les médias, à l’utilisation des réseaux sociaux et à la création d’un site internet ont été organisés. Au 26 mai 2016, la sous-commission « actualités » avait publié 18 « brèves » ; elle s’engage à maintenir cette fréquence.   2.4. La formation à la gestion et à l’organisation du cabinet « en tables rondes » La sous-commission « formation à la gestion et au management » a repris force et vigueur sous l’impulsion de Me Jean-Pierre Balthasar, et l’expertise de Me Daniel Pricken, Président de la commission « barreau-entreprises ». Depuis le printemps 2016, des « tables rondes » ont pu être organisées sur des thématiques telles que la délégation, la gestion des plaintes, la gestion du stress, la communication en entreprise, etc. Vu son succès, cette expérience sera vraisemblablement renouvelée.   III. TROISIÈME « SAUT » : LE « JUMP » : L’IMAGE DE L’AVOCAT   3.1. L’image de l’avocat : Sur l’échelle de popularité aux USA, les avocats se situent entre les vendeurs de voitures d’occasion et les politiciens. Nous connaissons les deux prochains candidats à la présidentielle américaine. L’image de l’avocat chez nous est-elle meilleure ? Pas sûr. Les brèves de comptoirs ne manquent pas, elles pèsent lourd dans la balance des préjugés. Il n’est pas agréable d’entendre des remarques telles celle que nous avons entendue dernièrement, même s’il faut reconnaître que le mot d’esprit est assez fin ; je cite Patrick Murray : « Tout le monde sait qu’un avocat est capable de dire n’importe quoi pour gagner un procès, même parfois de dire la vérité ». Sans perdre notre humour sur nous-mêmes, du moins devons-nous tenter d’éviter de prêter le flanc à la dénigration. La commission « avocat dans la cité », présidée par Me Rodrigue –dit Roland- Capart, multiplie ses initiatives, et ce dans la ligne de la feuille de route que le conseil de l’Ordre lui a, à nouveau, assignée. Le 12 novembre, cette commission a organisé une après-midi d’informations et d’échanges à destination des intervenants sociaux de la province de Liège, dont l’invitation était la suivante : « L’administration de biens à la rencontre de ses acteurs ». Il y avait environ 200 personnes à la Rotonde lors de cette après-midi. Elle a « remis le couvert » le 9 juin : à cette occasion, notre barreau a cette fois été à la rencontre des acteurs du RCD. Complémentairement à cette initiative, la commission « avocat dans la cité » a poursuivi ses dialogues avec le monde politique. Une délégation de notre barreau a rencontré le 20 mai le Président de la commission Justice de la Chambre, Monsieur Philippe Goffin, et le 9 juin, au Parlement, une représentation d’Ecolo. Il s’agit de notre lobbying « à la liégeoise » : ce sont dans les centres d’études des partis politiques que se conçoivent les programmes des partis et que s’écrivent les projets de réforme.   3.2. Le contentieux des honoraires : L’objectif reste triple : efficacité, lisibilité et transparence. Ici également, je souligne le dévouement et la disponibilité de très nombreux confrères, à peine défrayés, convient-il de rappeler. Je reste préoccupé par cette disproportion entre la débauche de travail effectuée pour mettre en œuvre la procédure d’avis, et les montants réellement en litige. Dans le nord du pays, et notamment à Gand, les tribunaux sollicitent moins systématiquement l’avis des conseils de l’Ordre : il est fréquent qu’un confrère soit désigné – et rémunéré – en qualité d’expert. Je souhaite encore l’aboutissement du projet de diffusion élargie – interne et externe – des avis en matière d’honoraires reprenant les éléments clés de la jurisprudence du conseil de l’Ordre. Le travail de compilation est en cours et la commission a l’ambition d’en présenter une première synthèse au mois d’octobre. Je salue ici le travail remarquable des président et vice-président de la commission des honoraires, Me Thibaut Matray et Gaël Tilman, et celui de Madame Carine Pahaut, en charge du greffe de cette commission.   3.3. Le directeur du Bureau d’aide juridique : Après de longues discussions enrichissantes, variées, et parfois musclées, le conseil de l’Ordre, en sa séance du 22 mars 2016, a décidé de l’engagement d’un directeur du bureau d’aide juridique. Il a été désigné à la fin d’un long processus de recrutement, dont l’aboutissement a été une journée de sélection le 3 juin dernier, en présence et avec l’assistance d’une société d’aide au recrutement. Nous savons que Me Serge Mascart sera le 1er directeur du Bureau d’aide juridique à partir du 1er septembre 2016.  

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  Nous venons de voir les « acquis », ou à tout le moins les promesses d’acquis ; quels sont les chantiers déjà programmés pour l’année à venir, 2016 – 2017 ?   COMMENÇONS PAR CEUX QUI ÉNERVENT :   1) L’état de la justice Le Ministre a écrit la réforme de la justice comme une pièce en 5 actes, 5 pots-pourris ; si certaines scènes sont jouables, il nous appartient d’en réécrire certaines autres. Oui, il faut réévaluer, en interne, les processus de fonctionnement de la justice, mais il convient également d’ajuster de façon substantielle les moyens financiers alloués à ces acteurs . Nous devons nous inscrire dans le cadre des réformes qui nous sont imposées. S’agissant de l’obligation d’assurer l’accès de tous à la justice, la scène envisagée par le Ministre reste à écrire. La mutualisation doit être privilégiée, si elle permet l’ouverture de nos palais aux membres de la classe moyenne dont l’accès est doublement entravé par l’impossibilité de bénéficier du prodéo et par le paiement de la TVA. Le débat concernant l’extension de la protection juridique est capital : le 13 juin, l’assemblée générale des bâtonniers a donné mandat au conseil d’administrations d’AVOCATS.BE de participer aux discussions initiées par le Ministre de la justice.   2) Le déménagement du bureau d’aide juridique Quand le BAJ quittera-t-il les glauques espaces de l’ancienne Commanderie de la rue du Palais ? Telle était la question posée par La Gazette de Liége le 11 mai 2016 sous le titre : « l’aide juridique crie misère ». Sylvie, Mounir, Aïcha, Adrien, Raphaël, Isabelle, vos conditions de travail sont toujours inacceptables, nonobstant le soutien inconditionnel de Monsieur le Premier Président de la cour d’appel. Je le cite : « On met en danger la santé et la sécurité des travailleurs en ne restaurant ni rafraichissant rien, et en ne permettant pas au service de l’aide juridique du barreau de quitter la rue du palais… » Et pourtant, vous continuez, envers et contre tout, et sans vous plaindre, à remplir chaque jour les missions essentielles du BAJ, dont la première consiste à accueillir le justiciable : entre le 1er juin 2015 et le 31 mai 2016, il a été procédé à 16.368 désignations dont 1.558 désignations Salduz. Une très pâle lueur d’espoir en cette fin d’année judiciaire : d’après une lettre de la Régie des bâtiments du 10 mai 2016, les travaux sont « envisagés » pour le mois de septembre 2016.  

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  CONTINUONS PAR LES CHANTIERS QUI PRÉOCCUPENT :   1) La réforme de l’aide juridique Lors du carrefour d’information de l’Ordre du 10 mars 2016, Me Philippe Culot nous a entretenus de l’évolution chaotique des nouveaux projets légaux… Il a été entendu le mardi 7 juin, lors des auditions en commission de la justice de la Chambre. La nécessité de pouvoir disposer en permanence d’un nombre suffisant d’avocats qualifiés qui pratiquent l’aide juridique de deuxième ligne est une évidence. Sur les moyens utilisés pour atteindre ces objectifs, les avis sont néanmoins partagés. Le principe du paiement d’une contribution personnelle n’emporte pas l’adhésion de tous, c’est-à-dire les associations de terrain et les barreaux, la prise en compte de tous les moyens d’existence fait l’unanimité auprès des seuls acteurs de terrain ; tous les intervenants saluent la création d’un fonds d’aide juridique de deuxième ligne. Il faudra craindre qu’il ne soit insuffisant et ne serve qu’à combler le surcoût engendré par la nouvelle jurisprudence Salduz.   2) La fusion des barreaux Je souhaite qu’une décision de principe soit prise par les barreaux de Verviers, de Huy et de Liège dans les prochains mois. Il est primordial d’adapter les structures des Ordres qui, autrefois, avaient de toutes autres compétences, contraintes, défis et charges. Que d’énergie galvaudée faute de « professionnalisation », que de décisions prises avec une connaissance parfois fort vague ou étroite d’un problème, mais avec l’audace que donne à beaucoup d’avocats leur aisance à traiter d’un sujet dont ils n’ont qu’une connaissance très imparfaite. Je relève que les commissions d’aide juridique de Verviers, Huy et Liège ont fusionné sous la contrainte législative : la CAJ de l’arrondissement de Liège, est présidée par un avocat liégeois, tandis que le vice-Président est verviétois et le trésorier hutois.   3) L’intelligence artificielle « Des robots vont venir au secours des avocats » ! Oui, voilà l’affirmation posée notamment dans la presse de ce samedi 18 juin ; n’est-ce pas Monsieur le Président ? Oui, le conseil de l’Ordre a décidé de soutenir le projet d’AVOCATS.BE présenté par le groupe de travail « l’avocat augmenté » issu du congrès du 29 mai 2015 à Louvain-La-Neuve. D’autres initiatives percolent. Oui mais, l’intelligence analytique (enseignée à l’école pour trouver la bonne réponse à chaque question posée) ne prédit pas notre succès professionnel. Nous devons affronter une complexité sans cesse croissante de notre profession, mais nous jouissons du grand privilège d’exercer un métier que nous aimons. Je pense que ce privilège est la cause du résultat d’une étude selon laquelle 85% de nos succès sont dus à nos compétences interpersonnelles plutôt qu’à nos seules compétences analytiques et techniques. Nous devrons toujours décoder les sentiments, construire la confiance, motiver les autres, les diriger, contrôler nos émotions, gérer les conflits … Jean-Marie Defourny disait : « être avocat dans le véritable et profond sens du terme, c’est s’occuper des gens et des choses qui les rapprochent, ou qui les séparent : c’est humaniser notre profession ».   TERMINONS PAR LES CHANTIERS QUI RÉJOUISSENT :   1) Création du centre d’arbitrage A l’initiative de Me Jean-François Henrotte, lequel a pu compter sur le travail remarquable de Mes Hélène de Rode, Patrick Thomas et Frédéric Henry, le conseil de l’Ordre décidera ce mardi 28 juin de la création du centre d’arbitrage de l’Euregio. L’avocat pourra assister son client à l’occasion d’un arbitrage, et intervenir, moyennant le respect de certaines conditions, en qualité d’arbitre, en raison de sa compétence, de son indépendance et de sa déontologie.   2) Le centre liégeois des MARC Le centre de médiation du barreau de Liège ambitionne d’améliorer sa visibilité, de sensibiliser le barreau à la nécessité de s’adapter, d’obtenir un plus grand échange avec les autres commissions sensibles au mode de règlement des conflits, bref de devenir un centre de référence et d’améliorer encore la collaboration avec les Hautes écoles et les autres barreaux. A titre d’exemple, la commission des relations extérieures (COMEX) a accueilli avec enthousiasme la proposition de Me Guido Imfeld, vice-bâtonnier du barreau de Cologne, de création d’un centre de droit collaboratif international, lequel trouvera sa place dans le tout nouveau centre liégeois des MARC : rendez-vous est d’ores et déjà pris à Cologne le vendredi 25 novembre 2016 .   3) Les initiatives de la commission du stage La commission du stage a confectionné un vade-mecum du contrat de stage, disponible sur le site du barreau. Un projet d’informatisation des rapports annuels -réformés- est à l’étude. Elle a organisé durant cette année judiciaire l’exercice des plaidoiries qui s’adressait, cette fois, tant aux stagiaires de 2è qu’à ceux de 3è année, des barreaux de Liège, Verviers et Eupen. Les cinq jurys composés ont retenu chacun deux confrères dont la « performance » mérite d’être soulignée. Il s’agit de Maîtres Claire MARTIN, Jana HOFFMANN, Thomas DUBUISSON, Gilles RIGOTTI, Patrick LAMBOTTE, Gaëtan BIHAIN (Barreau de Verviers), Martin CHABOT, Pauline KRIESCHER, Raphaëlle MARCOURT et Cyrielle DEBROUX. Grâce, notamment, à l’excellent partenariat avec l’Université de Liège, la Commission du Stage pourra décerner des prix à la hauteur de l’évènement, offerts par la JLMB et la CUP, que je remercie ici très chaleureusement. Me Yves Bisinella, Président de la commission du stage, répartira prochainement les prix en fonction des souhaits des lauréats. Merci Me D’Huart.   4) L’Open Barreau Notre revue, depuis 5 ans, a connu 15 livraisons de qualité sous la direction de Me Jean-Pierre Jacques. Sans doute mes encouragements et remerciements n’ont-ils pas été à la hauteur de ce qu’il attendait et de ceux de mes prédécesseurs. En effet, et vous l’aurez appris à la lecture de l’éditorial de ce jeudi 16 juin, notre rédacteur en chef a décidé de ne pas renouveler son quinquennat. Mais l’Open Barreau continuera de vivre : Mes Claire Hazée et Pierre Bayard ont accepté de relever le défi et ont convenu, et je les cite que « Plonger dans l’inconnu, c’est bien, mais plongez dans l’inconnu, en équipe, c’est mieux. » Mes Hazée et Bayard, je vous félicite : « bienvenue en terre inconnue » !   5) Le centre de formation professionnelle Pour le non-initié, il s’agit de ce que d’aucuns continuent à appeler l’Ecole du stage. Depuis la fusion des barreaux luxembourgeois, le CFP dont fait partie notre barreau n’est plus composé que des barreaux d’Eupen et de Verviers. Lors de l’assemblée générale des bâtonniers d’AVOCATS.BE de ce lundi 13 juin a été acceptée la demande du barreau de Huy de rejoindre notre centre de formation professionnelle, qui devient de facto le centre de formation professionnelle de la province… que l’on pourrait appeler de Liège. Nous envisageons à présent un rapprochement avec le centre de formation professionnelle des barreaux de Namur, Dinant et du Luxembourg. De là à augurer d’un centre de formation professionnelle du ressort de la cour d’Appel de Liège, n’y aurait-il qu’un pas ? Le barreau de Liège, comme d’autres, s’inscrit résolument dans l’optique de la réforme envisagée par la commission stage et formation initiale d’AVOCATS.BE, visant notamment à une harmonisation des contenus et des exigences des enseignements, à une professionnalisation des praticiens-formateurs, à un examen sélectif et équivalent issu de l’enseignement, et ensuite à une formation pratique accessible.   6) Le Jeune barreau Mon cher Président, Mon cher Julien, mon cher F.F.F., Vous avez beaucoup - et brillamment - dit mardi : je n’en rajouterai donc pas aujourd’hui. Me Feltz, madame la vice-Présidente, Me Firket, chère Cécile, je me réjouis de raviver avec vous les relations entre l’Ordre et le Jeune barreau, et ce même si vous pouvez, l’un sans discontinuer, l’autre à certaines heures de la nuit, être les deux confrères les plus insolents et impertinents de notre Barreau.

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Il y a donc des chantiers qui énervent, d’autres qui préoccupent, et il y a heureusement ceux qui réjouissent. Il y a, enfin, les défis inconnus. Avouons-le, chers confrères, c’est l’inconnu qui nous attire. C’est quand nous voyons un écheveau bien enchevêtré que nous sommes les plus excités pour rechercher le fil conducteur.

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Il est à présent temps de conclure. Au moment où je terminais d’écrire ce discours, je pensais à nouveau aux évènements qui se sont produits en France, l’année dernière, cette année à Bruxelles, et ceux survenus à Orlando il y a quelques jours, sans oublier tous les attentats, presque journaliers, perpétrés, en Europe ou ailleurs, nourris par l’intolérance la plus abjecte. Nous n’en mesurons pas encore toutes les conséquences. Les évènements avec lesquels, dit-on, nous devons apprendre à vivre, nous concernent, nous les avocats qui sommes au cœur du combat contre l’intolérance. Je vous invite à relire les carnets d’Albert Camus qui disait que si l’homme échoue à concilier justice et liberté, il échoue à tout. Les avocats peuvent aider à cette conciliation, en participant à la définition des règles de droit, soit dans les enceintes parlementaires, soit en contribuant à leur évolution dans l’exercice de leur profession. L’avocat ne peut rester en retrait des enjeux qui traversent la Cité. Il doit, au contraire, y prendre sa place, tenir une parole forte pour la tolérance et pour une démocratie pacifiée où les débats d’opinion et de croyance ne peuvent s’exprimer que dans les limites posées par l’Etat de droit. C’est toujours Camus qui, je cite, disait : « qui désespère des évènements est un lâche, mais qui espère dans la condition humaine, est un fou ». Entre les deux, chers confrères, il n’y a pas à hésiter, même si la folie de l’espérance doit faire part au réalisme de la raison. Je vous remercie pour votre attention.