Allocution prononcée par Monsieur le Bâtonnier Elu André Renette à l’occasion de l’assemblée générale de l’Ordre le 20 juin 2013

Discours

 width=Je voudrais vous remercier avec affection, chacun d’entre vous, pour la confiance que vous me témoignez ce jour, pour les nombreux messages de sympathie et d’encouragements que j’ai reçus et qui me touchent infiniment. C’est un sentiment contrasté de joie et de gravité que de recevoir cet honneur.

Je mets à profit ce moment exceptionnel dans la vie d’un homme pour jeter un regard en arrière, un coup d’œil dans le rétroviseur. Ce voyage dans le temps, nous ramène au printemps 1980 : nous sommes place du XX- Août, au premier étage du bâtiment de l’université où se termine le Conseil de la Faculté de droit. J’y participe comme représentant des étudiants. Je poursuis dans l’escalier le seul avocat que je connaisse et qui me connaît un peu. C’est Monsieur le Bâtonnier FRANCHIMONT ; c’est vers lui que je me tourne, c’est lui que j’apostrophe du haut de mes 22 ans pour lui demander vers qui je pourrais me diriger pour trouver un patron de stage.  Il me confie à l’oreille le nom d’un fringant et brillant avocat à l’avenir certain et à qui il va me recommander. « Cela devrait bien fonctionner entre vous » m’assure-t-il.  Et c’est ainsi que mon destin a croisé le chemin de Maître André LAMALLE. Me LAMALLE m’a présenté au serment de l’Avocat le 2 septembre 1980, je fus son stagiaire, et ensuite son collaborateur, et nous nous sommes associés en 1989. Me LAMALLE, par son élégance, sa courtoisie, sa confraternité, c’est l’aristocratie de notre Barreau. Me LAMALLE est d’abord un avocat dans la plus belle tradition de notre Barreau avant d’être, en outre, un brillant juriste dans tous les domaines qu’il pratique. Il n’est pas, comme il l’aime à le dire avec un brin d’ironie, un « juriste de bibliothèque ». Pour Me LAMALLE, défendre les intérêts d’un justiciable, c’est d’abord avoir la parfaite connaissance des faits en cause, autant, sinon plus, que la parfaite maîtrise de la norme à appliquer. C’est aussi l’art et la manière de plaider à l’ancienne et c’est encore ce rare privilège d’être toujours écouté avec plaisir par des magistrats dont on a acquis le respect. Me LAMALLE, pendant ces 33 années, vous m’avez donné souvent à partager le contentement de ce travail bien fait, du bel ouvrage de l’avocat. Robert BADINTER disait qu’un « avocat, c'est d'abord, c'est toujours un artisan scrupuleux ». Cette description vous correspond parfaitement. Et c’est la clé du succès, on l’oublie trop souvent, vous êtes un infatigable travailleur. Vous m’avez inculqué ce précepte que c’est par le travail que l’on forge le talent, aussi banal soit-il. Vous m’avez donc tout appris et tout permis dans cette profession et je dois tout à la chance de votre rencontre et de votre enseignement. Pour des raisons personnelles, au moment qui était le vôtre, vous vous êtes éloigné de la fonction qui sera bientôt la mienne. C’est donc beaucoup de vous-même qui s’exprime aujourd’hui devant cette assemblée. Dans une vie, il est rare que l’on doive tant à un seul homme. Recevez, cher Me LAMALLE, mon infinie gratitude pour tout. Vous m’avez donné avec générosité, votre amitié et votre fidélité ; vous me faites aujourd’hui le cadeau de rester encore deux ans à la barre de LEXLITIS.

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Le second retour en arrière nous place sur les hauteurs de Liège. Le quartier de BELLEFLAMME dont je suis originaire a été construit sur les ruines des bunkers de la DCA allemande. Des maisons dites « d’employés » ont peu à peu grignoté la place des derniers champs maraîchers. Ce quartier a accueilli les enfants de la guerre qui, accédant à la classe moyenne, y ont construit leur vie, leur maison, leur famille, leur ambition pour leurs enfants. Nous sommes à l’automne 1975, et je vais me rendre pour la première fois à la Faculté de droit, place du XX-Août.  Je vois passer devant moi la silhouette familière de Martine, qui est ma voisine de quartier. On se retrouvera une heure après devant la porte de l’auditoire de « première Candi ». Elle me présente ses amies du lycée De WAHA, je lui présente mes compagnons de Saint-Servais : la rencontre de deux mondes. Près de nous s’agite un quarteron de gaillards issus de LIEGE I. Cette rencontre improbable de trois origines scolaires, à cet instant figée dans le temps par le destin, c’est aussi le début de l’histoire d’une fidélité absolue et définitive. Ces amis ne se quitteront plus jamais, et même si tu as pris un peu d’avance le 28 avril 1999. Tu préféreras la magistrature au métier d’avocat, en excellant comme juge de la jeunesse et puis comme juge d’instruction. Si le temps qui passe te rend chaque jour justice, ton exposition au mépris public lors de l’affaire DUTROUX m’a fait comprendre la grande vulnérabilité de l’état de droit dans une société fragilisée par le désarroi, et qui ne savait plus faire la différence entre les faits divers et l’intérêt général. Cette tragédie individuelle et collective, humaine et judicaire, dont les soubresauts se font encore sentir aujourd’hui et notamment entre les murs de ce Palais, n’est pas pour rien dans mon engagement au service de l’Ordre. Accédant à cette fonction de Bâtonnier, je ne peux m’empêcher de penser à toi et de rendre compte publiquement de ton influence sur nos actions, avec toujours à nos côtés France, Bernadette, Guy, Philippe et John.

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Monsieur le Bâtonnier LEMMENS, c’est un grand bâtonnat qui se clôturera le 31 août. Pour endosser la responsabilité de la fonction de bâtonnier, un surdoué à l’esprit fulgurant ne doit pas forcer sa nature, ni son talent. Vos convictions, votre détermination, votre rigueur, votre force de caractère, votre autorité naturelle, vous prédestinaient évidemment à l’exercice de cette haute responsabilité. Il vous a fallu juste attendre et apprendre auprès d’illustres prédécesseurs. C’est auprès de Monsieur le Bâtonnier Jacques HENRY et de Monsieur le Bâtonnier Lambert MATRAY que vous vous êtes forgé votre conception intransigeante de l’honneur de l’avocat. Il n’échappera à personne qu’un jeune homme qui vous ressemble a fait dans sa jeunesse un choix entre le métier d’avocat et la médecine d’urgence. Le Barreau se félicite de votre choix. A l’occasion de la rentrée judiciaire du 16 novembre 2012 vous avez dénoncé de votre voix forte et haute, par des paroles mordantes, donc efficaces, la faillite globale du Ministère de la Justice et les promesses non tenues. Comme un seul homme votre Conseil de l’Ordre, votre Barreau et ses invités se sont alors levés pour soutenir et honorer son bâtonnier « urgentiste », souligner la pertinence de votre engagement dans la défense de l’aide juridique et saluer le courage de vos propos. Ceux-ci furent relayés partout où ils devaient être entendus. Ce n’était pas un hasard, vous avez toujours conjugué la vertu de la conviction avec celle de l’habilité, toute politique, qui caractérise votre action.  Votre discours restera donc dans nos mémoires. Le moment fondateur de votre bâtonnat fut la manifestation du 12 septembre 2011 du bicentenaire de notre Barreau. Le décret de l’Assemblée constituante de septembre 1790 avait purement et simplement supprimé l’Ordre des avocats et le monopole de la plaidoirie en France. La loi du 13 mars 1804 rétablira la profession d’avocat et c’est un décret du 14 décembre 1810 qui organisera les Barreaux. Mais à cette époque, en 1811, les membres du Conseil de discipline et le Bâtonnier de notre Barreau étaient nommés par le Procureur général et le grand juge, le Ministre de la Justice, pouvait rayer un avocat du tableau, sans même l’avoir entendu. Si la démocratie est une goutte d’eau à l’échelle du temps, il en va de même du Barreau qui n’est qu’une jeune institution de deux siècles, qui a un peu grandi. Vous avez voulu cette prise de conscience de notre relativité et de la volatilité historique de notre statut. Cette prise de conscience doit nous imposer, en permanence, une totale intransigeance sur la défense de nos principes de même qu’une prospection attentive de notre avenir. Monsieur le Bâtonnier Lemmens vous avez donc pris le cap de la vigilance intransigeante, quand trop souvent nos valeurs et l’honneur du Barreau étaient malmenés.  Vous l’avez fait rigoureusement et de manière inflexible lorsque l’enjeu était l’intérêt supérieur de la profession et donc de l’intérêt général. Vous qui avez notre Barreau chevillé au corps, vous l’aimez passionnément dans ses fulgurances et ses excès. « Ebouriffant » est un adjectif que vous employez souvent pour caractériser tant la fulgurance que l’excès. Vous avez été pendant deux années à l’écoute de chacun d’entre nous et de tous les battements de cœur de notre Barreau. Confident de tous, vous avez su concilier la rigueur et l’humanité. Cette rigueur et cette humanité sont à la base de la réforme du stage que vous avez menée à bout de bras, et qui doit se concrétiser avant la fin de l’année judiciaire. Cette réforme établira un juste équilibre entre les responsabilités du patron de stage et celles du stagiaire, sur une base financière plus conforme à la dignité et qui tiendra compte des réalités économiques. Monsieur le Bâtonnier Lemmens, on ne peut parler de vous sans évoquer le rayonnement que vous avez eu sur les plans communautaire, national et international. A l’assemblée d’ «Avocats.be », la parole du Bâtonnier de Liège domine les débats, parce que c’est le Bâtonnier de Liège et, surtout, parce que c’est vous. Vous avez tissé des liens particuliers fondés sur le respect et l’amitié avec les deux Bâtonniers des ressorts des Cours d’Appel de l’autre communauté. Sous votre impulsion, nous sommes maintenant jumelés avec le Barreau de Gand. Cela témoigne de votre idéal d’une profession unie au-delà des problèmes linguistiques sous les mêmes valeurs et au combat des mêmes problèmes. L’unité du Barreau est pour vous les prolégomènes de sa survie. Résolument vous avez inscrit votre bâtonnat dans une dimension internationale. Outre des contacts qui vous sont chers avec divers Barreaux étrangers, et notamment français, vous avez présidé le colloque qualifié de fondateur sur la déontologie devant les juridictions pénales internationales, les 28 février et 1er mars de cette année. Cette manifestation a accueilli des invités prestigieux et passionnants venus des quatre coins de la planète, mais aussi…. de SERAING (bas). Ce colloque a été la vitrine de notre Barreau et de ses membres qui assumaient la qualité d’orateur et la tâche de la direction scientifique. Monsieur le Bâtonnier LEMMENS, on peut parler de vous pendant des heures, de vos réalisations, de vos réussites. J’en oublie presque ARTS JUSTICIA, manifestation pour le moins « ébouriffante » et rafraîchissante, qui a secoué nos esprits conservateurs. En définitive, aujourd’hui, l’essentiel n’est plus vos réussites qui sont intangibles et incontestables mais bien que vos successeurs – et au premier rang moi-même – puissent poursuivre votre action, au mieux et aussi bien, et avec la même détermination et la même énergie. Enfin, mon cher Eric, l’image de toi que je donne de la statue du Commandeur est très discutable et réductrice sans mettre d’abord en avant la dimension d’un homme sensible, donc pudique, affamé de culture et créancier d’amitié, homme qu’il m’a été donné de découvrir. La vie est ainsi faite de rencontres qui nous marquent à jamais. Tu t’es inscrit dans la mienne de manière inaltérable, et je te remercie vivement pour cet enseignement empreint de tes valeurs, de ta rigueur et surtout de ton amitié bienveillante.

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Madame le Bâtonnier, Messieurs les Bâtonniers, Depuis que j’ai prêté serment, j’ai connu dix-sept Bâtonniers qui ont marqué notre ordre de leur sceau personnel. « Mes » Bâtonniers, adjectif possessif affectueux, ont été Maître André DELVAUX, Maître Luc-Pierre MARECHAL, Maître Vincent THIRY et Maître Eric LEMMENS. Vos personnalités riches et variées et vos réalisations m’ont profondément marqué et constituent pour moi l’ADN du Bâtonnier d’un Barreau moderne – qui plus est, du plus grand Barreau de Wallonie. Votre empreinte marquera mon action. Douze ans après son bâtonnat, Monsieur le Bâtonnier André DELVAUX a accepté la fonction d’ancien Bâtonnier.  Mon cher André, je te remercie vivement pour m’avoir consenti ce geste. C’est tout notre Barreau qui se réjouit à nouveau de ta présence au sein d’un Conseil de l’Ordre, au moment où Monsieur le Bâtonnier Patrick HENRY accède à la présidence d’Avocats.be. Je suis heureux de profiter de cette expérience irremplaçable. Lors de ton bâtonnat, tu t’étais inquiété, notamment, de l’organisation de l’aide juridique, et déjà à l’époque tu nous avais fait réfléchir sur l’organisation et la structure des Ordres. Tu constateras que ces sujets sont toujours d’actualité, comme une tâche sans fin, un travail à recommencer sans cesse : le tonneau des Danaïdes. A Monsieur le Bâtonnier Patrick HENRY, bientôt Monsieur le Président d’Avocats.be, mon cher Patrick, je constate que depuis 1975 nos routes n’ont jamais cessé de se croiser, mais vous avez toujours une longueur et une ardeur d’avance. Je me réjouis à nouveau de collaborer avec vous. Vous savez que mon état d’esprit ne sera pas de dire « vous de l’OBFG, moi de mon Barreau ». Avec vous l’OBFG monte une marche supplémentaire vers le professionnalisme. Vous avez cette haute idée de la solidarité et du bien commun qui devra transcender tous les clivages. Plus que jamais je serai sensible à l’unité du Barreau, unité que vous aurez la charge de fédérer, ………mais bien évidemment pour autant que Liège soit d’accord.

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Madame et Messieurs les Bâtonniers, j’ai relu avec attention tous vos discours d’intronisation comme synthèse de mes 33 années de Barreau. Les sujets que vous avez abordés témoignent d’un invariant sur les thèmes de l’accès à la justice, de l’extension du périmètre de nos activités, de la formation initiale et permanente, de l’amélioration de nos règles de fonctionnement, de la nécessité d’un professionnalisme accru, de la réforme des arrondissements judiciaires, de la ligne de temps d’une crise économique protéiforme mais continue, de la nécessaire ouverture du Barreau vers le monde extérieur, de la balance des intérêts entre l’individualisme et l’effort de solidarité, de la paupérisation de la profession et de la solitude de l’avocat individuel. Je crois personnellement tout à la fois à la continuité et au progrès des idées, au passé comme racine de l’avenir. Je crois à cette continuité forte qui évite le chaos de la rupture. C’est dans cette perspective que je place ici quelques observations et propositions dont je tiens à vous faire part.   J’ai dû faire des choix, et elles sont au nombre de 7.   1.    La première observation concerne le marché, et celles qui suivent en constituent la déclinaison. Monsieur le Bâtonnier Maréchal nous rappelait en 2001 avec Paul Martens que la rencontre du marché et du Barreau était le défi majeur que devaient relever les avocats aujourd’hui.  Monsieur le Bâtonnier Maréchal ponctuait ses propos en déclarant : « l’avocat, même s’il doit devenir non pas un marchand mais un entrepreneur de droit, aura toujours ce supplément d’âme que d’autres n’ont pas ».   En juin 2013, la rencontre du marché et du Barreau se poursuit dans l’incompréhension réciproque de ce couple déséquilibré que tout oppose. En effet, le marché déteste les règles.  Il lui préfère la « main invisible ». Par contre notre profession s’autorégule dans l’intérêt du justiciable, donc dans l’intérêt général. Ce conflit est-il réductible ? Le marché se préoccupe non de l’humain, cela se saurait, mais de sa profitabilité. Il regarde avec l’arrogance de la certitude et du contentement de soi des économies locales s’effondrer, des peuples s’appauvrir. Par contre, si nous sommes avocats c’est que nous avons pour l’humanité une passion particulière. Comme l’exprimait Monsieur le Bâtonnier Mersch en 1991, tous ceux qui défendent les plus faibles « ...sauvegardent la grandeur de la profession ». En ces temps de violence sociale et de précarisation, toutes les composantes du Barreau sont concernées par les conséquences sociales et morales que peuvent avoir sur notre environnement de vie une économie fragile, une paupérisation galopante et la petite musique anxieuse de toutes les peurs que transporte une société en mutation constante. C’est notre société, la nôtre, dont nous avons la mission première de conserver ce qui lui reste de dignité. C’est cela la grandeur de la profession. Comme le déclarait Monsieur le Bâtonnier Patrick HENRY, en 2007, « le combat pour ces valeurs n’est pas un combat corporatiste.  L’enjeu est une certaine idée de l’Homme.  Un Homme pour lequel la liberté, l’égalité et la fraternité restent le rêve suprême. Un Homme debout, un Homme qui ne s’incline pas devant les tyrans qu’ils s’agissent de dictateurs, de « Big Brothers », ou de marchands ».  Nous savons que dans son arrêt Wouters, du 2 février 2002, la Cour de Justice des Communautés Européennes nous décrit comme des entreprises. Je ne me sens pas indisposé par cette qualification. L’entrepreneur est celui qui assume le risque financier afférent à l’exercice de son activité.  Assumer nos pertes n’a jamais fait de nous des marchands ! Je n’ai pas de blocage à expurger de la déontologie toutes les tentations corporatistes ou protectionnistes. Par ailleurs et pour l’essentiel, le travail a été fait. Monsieur le Bâtonnier DELVAUX témoignait déjà de cette nécessité en 1999. L’instance démocratique de l’Union, le Parlement Européen, a pris une résolution le 23 mars 2006 sur les professions juridiques et l’intérêt général relatif au fonctionnement des systèmes juridiques. Cette résolution, dont je souhaite très brièvement vous faire part, pourrait servir d’antisèche au discours de tous les Bâtonniers inspirés de l’Union, tant notre profession y est décrite dans sa spécificité. Le Parlement Européen trace ainsi le portrait d’une profession spécifique, au comportement éthique, profilée par les exigences d’une société démocratique. Il déclare que la protection adéquate des libertés fondamentales et des droits de l’Homme, qu’ils soient économiques, sociaux et culturels, ou civils et politiques dont toute personne doit pouvoir jouir, exige que chacun ait effectivement accès à des services juridiques fournis par des avocats indépendants. Il ajoute que l’importance d’un comportement éthique, du maintien de la confidentialité avec le client et d’un haut niveau de connaissances spécialisées exigent l’organisation de systèmes d’autorégulation tels ceux que gèrent aujourd’hui les organismes et les ordres professionnels juridiques. Est ainsi reconnu sans réserve le rôle crucial que les professions juridiques jouent dans une société démocratique pour garantir le respect des droits fondamentaux, l’état de droit et la sécurité dans l’application de la loi, tant pour l’avocat plaideur que pour l’avocat conseiller. Il y a donc de la place sur le marché, en conformité avec les règles de la concurrence, mais en démocratie, pour l’entreprise au comportement éthique qu’est l’avocat, à côtés des entreprises marchandes qui obéissent à d’autres règles. Je plaide avec la CCBE pour que notre profession unie et solidaire ait une vision créative et positive de notre avenir :
  •  là où nos valeurs, nos principes, notre rôle et notre position dans une société démocratique seront défendus avec offensive et fierté et de manière décomplexée, face à un marché civilisé, en conformité avec un droit de la concurrence apaisé qui respectera notre spécificité,
  •  mais encore là où sera respectée notre culture juridique et judiciaire qui est aux antipodes du système Anglo-Saxon, qui n’est pas notre modèle.
Ayons donc l’ambition de notre avenir. Je compte que les travaux qui sont en cours sur l’essentielle réflexion qui porte sur notre destin partagé aboutissent à la manifestation d’envergure qui est en projet. Elle est en bonne voie et elle est entre de bonnes mains. Courage. En effet comme a pu le dire Nelson MANDELA, la capacité à vaincre la peur s’appelle le courage et comme nous y invitait le Bâtonnier LEMMENS en 2011, « N’ayons pas peur. Nous avons la force et les moyens de résister, d’inventer, d’écrire l’avenir ».   2.    Ma seconde observation concerne l’aide juridique Qu’il me soit permis quelques repères datés sur 32 années. En 1981, Monsieur le Bâtonnier Yvon HANNEQUART craignait que certains projets imposent «  la prestation non facultative de l’avocat en faveur de justiciables à revenus modestes et pour des honoraires au rabais ». Le 17 avril 1989, Monsieur le Bâtonnier FRANCHIMONT demandait un milliard d’anciens francs à un Ministre de la Justice, corps présent, qui faillit collapser en suffocant. Nous sommes à 69 millions d’euros et c’est toujours insuffisant. En 1991, Monsieur le Bâtonnier Michel MERSCH rêvait « de ne plus traiter les indigents comme les dames patronnesses traitaient leur pauvre ». Monsieur le Bâtonnier Georges RIGO, en 1997, élevait une mise en garde contre des propositions de loi sur l’aide légale qui mettaient gravement en cause l’indépendance de l’avocat et le monopole de la profession, et il participa au combat qui renversa cette tendance et qui aboutit le premier septembre 1999 à l’entrée en vigueur du régime de l’aide juridique telle que nous le connaissons aujourd’hui. Le 17 mars 2013 le gouvernement approuve en KERN le funeste projet de réforme proposé par la Ministre de la Justice. Et nous voilà avec ce projet. Tandis que les lois du marché nous tiraillent d’un côté pour nous imposer les impératifs d’une entreprise concurrentielle, l’Etat fédéral, de l’autre côté, au prétexte d’une conception dépassée et cynique du désintéressement, nous impose de nous satisfaire d’une indemnité fixée à 24,26 € alors que le plafond du point déjà acquis pour les prestations de l’année 2011-2012 s’élevait à un montant non indexé de 26,91 €. Ces mots ronflants articulés autour d’un désintéressement d’opérette dont on fait des cartes blanches, cachent mal une vulgaire et aveugle cure d’austérité budgétaire. Sans rire, serions-nous condamnés à être la seule entreprise à ne prendre que ses pertes ? Sommes-nous la seule profession dont la docilité et l’indolence autorisent tous les outrages ? Mieux, certains opérateurs économiques, les stagiaires en l’occurrence, devraient, cette fois au prétexte de leur formation dont la responsabilité n’incombe pas à l’Etat fédéral, travailler gratuitement dans un nombre déterminé de dossiers. Personnellement je ne vois pas en quoi la formation s’acquiert mieux quand elle est gratuite. De plus parce qu’il est pauvre, le justiciable qui réclame justice devrait se contenter d’un avocat gratuit et en construction qui se fera la main sur sa cause. Mais quelle belle promotion de la profession ! Merci, Madame la Ministre ! Mieux encore, certaines entreprises d’avocats pourraient, alléger le poids des finances publiques en acceptant quelques dossiers gratuits, moyennant la délivrance d’un certificat de bonnes vertus utile à leur image, à leur publicité ou à leur démarchage. Les dames patronnesses, le retour ! Voici donc le label « j’aime les pauvres » pour capter, sur le marché, la clientèle solvable. Et je parle à peine du ticket modérateur qui, comme on nous le présente, relève de la cavalerie ou du système de PONZI. Mes chers Confrères, nous avons définitivement dépassé le stade de l’incongru et de l’intolérable, cela suffit, stop : on arrête. Il est grand temps que le Barreau fasse entendre sa voix par des actions fortes dont les prémisses sont acquises. A cet égard la prochaine année judiciaire sera cruciale, et je veux croire qu’il n’est pas trop tard. En 2003, Monsieur le Bâtonnier Didier MATRAY nous appelait à l’état de légitime défense face au mauvais traitement que subissait la justice de la part du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif. Dix années plus tard je vous exhorte à un devoir de résistance et j’en appelle à la mobilisation, à l’unité et à la solidarité de tout le Barreau. Je le fais de manière volontairement solennelle car il y va de l’avenir des générations qui nous succéderont et qui seront sévères à notre égard si nous sommes incapables de prendre conscience de cette nécessaire réaction unie et solidaire. Il ne suffit plus de s’indigner et nous sommes tous concernés.   3.    Mon observation et proposition suivantes concernent logiquement le revenu de l’avocat Le Code judiciaire, dans une langue parfaitement désuète, fait toujours état d’un honoraire taxé avec « discrétion » et notre rémunération devient excessive lorsqu’elle « excède les bornes d’une juste modération », ce qui nous distingue à jamais des marchands qui cherchent le profit et non « la juste modération ». S’il faut se réjouir de ce que certains parmi nous gagnent très confortablement leur vie, cela n’atteindra jamais les montants obscènes alloués dans le sport, la finance ou à certains patrons de grandes entreprises, ces stars du marché. A ce titre, relevons que le revenu annuel moyen d’un avocat relevant d’Avocats.be -mais les statistiques de l’OVB ne sont pas différentes- s’élevait en 2009 à 46.042 €, et en 2010 à 47.102 €, s’agissant d’honoraires bruts. En clair, ce revenu, pour être du « salaire poche », doit encore être diminué de la charge des cotisations sociales et de la charge d’impôts. Relevons aussi que cette étude comparative plaçait notre pays au plus bas niveau des six pays sujets de l’étude derrière l’Allemagne, l’Espagne, la France, l’Italie et le Luxembourg. Les propositions pour s’en sortir sont de deux ordres : la spécialisation ou l’association. Il y a à vrai dire, dans ces conclusions, rien de neuf.  Madame et Messieurs les Bâtonniers Yvon HANNEQUART en 1981, Jacques MAISSE en 1989, Jean-Marie DEFOURNY en 1993 et Françoise COLLARD en 1995, s’inquiétaient de la paupérisation de la profession. En 1999, Monsieur le Bâtonnier André DELVAUX, nous faisait part de son incompréhension face à la solitude des avocats individuels à la recherche de leur subsistance. Avec Monsieur le Bâtonnier Luc-Pierre MARECHAL, je considère que notre profession ne se résume pas à sa valeur économique, mais je me demande toujours ce que le besoin de justice a à gagner d’avocats en situation financière délicate. Orphelins que nous sommes des barèmes collectifs d’honoraires par la volonté du droit de la concurrence, le produit de substitution consiste dans l’obligation d’information telle qu’elle a été coulée en force de règlement par l’OBFG, et qui s’applique à nous depuis le 1er janvier 2005. La pratique du contentieux des honoraires démontre l’incompétence et le manque de professionnalisme de nos Confrères dans l’exécution de cette obligation d’information d’une part, et plus généralement d’autre part, dans l’établissement d’un état d’honoraires. Avec la participation espérée de la Conférence libre du Jeune Barreau, et dans le contexte de notre formation permanente, je propose que se tienne prochainement un cycle d’atelier des honoraires où nous pourrons échanger nos expériences communes et impérativement mettre à jour nos connaissances dans la gestion financière de nos dossiers. De même, nous devons faire progresser notre communication relative au coût de la prestation à destination des clients ordinaires, des clients institutionnels, des tiers-payants tels l’assureur protection juridique. Il faut enfin veiller à ce que ceux qui parmi nous sont en difficulté financière puissent bénéficier de notre solidarité par une information stable qui leur donne un accès permanent aux services que nous pouvons leur rendre, et que nous puissions, par les moyens les plus appropriés, mais toujours en garantissant la plus absolue confidentialité, nous tourner spontanément vers eux avec dignité et humanité.   4.    Ma quatrième proposition porte sur la médiation. Madame le Bâtonnier Françoise COLLARD, vous avez été à l’origine de la création du Centre de Médiation de Liège, le 15 mars 1996, soit voici plus de 17 ans. Avec Monsieur le Bâtonnier Vincent THIRY, je considère que « le Barreau pèche par son conservatisme ».  Accrochés à nos certitudes et nos activités traditionnelles de défense dans le contexte guerrier ou violent du débat judiciaire, nous nous sommes globalement méfiés de tous ces modes alternatifs de résolution des conflits. Et pendant que nous avons passé beaucoup de temps à nous méfier, d’autres acteurs se sont intéressés à la médiation.  Des travailleurs sociaux, des psychologues, des juristes se forment à la médiation, ouvrent des bureaux, se professionnalisent et obtiennent la confiance des juridictions. Alors que nous sommes par nature des gestionnaires de conflits, nous avons négligé cette extension du périmètre de nos activités. Le stade de la profession de foi est dépassé ; la question n’est pas de croire à la médiation ou ne pas y croire, la seule question pertinente aujourd’hui est de savoir si le Barreau monte dans le train de la médiation ou le rate. Et pourtant, qui d’autre que l’avocat peut apporter dans une médiation la plus-value de ses compétences juridiques, de l’expérience des conflits et de la nature humaine ? Et encore une fois, essentiellement, qui d’autre que l’avocat peut apporter, par la plus-value de sa déontologie, la garantie d’un service de qualité au profit du justiciable–médié ? Nous devrons nous réapproprier ce terrain. L’impulsion donnée par des magistrats volontaristes nous en donne l’occasion : saisissons-la. Ici encore, Monsieur le Bâtonnier LEMMENS, vous nous avez tracé la voie à suivre. Grâce au dynamisme de la Commission de Médiation et en collaboration avec la magistrature, nous devons poursuivre nos efforts pour offrir à nos clients une structure professionnelle de médiation. En outre le savoir-faire de notre Barreau sera mis en lumière par une manifestation d’envergure qui impliquera les acteurs nationaux et internationaux de la Médiation sous toutes ses formes. Ce travail nécessite de notre part un esprit d’ouverture, une volonté d’accroître nos compétences, et qu’une fois convaincus nous-mêmes, nous puissions convaincre le client qu’un litige peut se résoudre sans qu’il n’y ait un ou plusieurs perdants. Ainsi nous pourrons faire taire le brocard qui a prospéré selon lequel, si la médiation ne progresse pas, « c’est la faute des avocats ».   5.    Ma cinquième proposition est relative à la communication. Grâce au travail acharné et à la compétence élevée de la Commission Communication et des Technologies de l’information, nous disposons de tous les outils de communication les plus perfectionnés, qu’ils soient internes ou externes. Faut-il encore que nous apprenions à nous servir de ces nouveaux outils envahissants.  Faut-il encore que nous apprenions à contrôler et maîtriser ceux-ci sous peine d’être complètement débordés par eux et au risque majeur de mettre en cause notre responsabilité professionnelle. La Commission Communication et des Technologies de l’information s’est d’ores et déjà attelée à la tâche de nous apprendre à être des utilisateurs avisés de ces dispositifs technologiques, de nous expliquer comment maîtriser « la bête ». Au niveau local, la Commission Communication et des Technologies de l’information sera la commission faîtière de toutes les autres, et fera en sorte que chaque membre de notre Barreau puisse accéder aux travaux de toutes les commissions. Au niveau local également, nous devrons réfléchir à nos méthodes de communication afin de conjurer cet effet volatile d’une surinformation et parvenir à un idéal de stabilité et d’accessibilité. Au niveau d’Avocats.be, je me réjouis particulièrement des projets informatiques ambitieux qui sont en cours et qui devront se réaliser en concertation avec les Ordres.   6.    L’avocat dans la cité est ma sixième proposition Monsieur le Bâtonnier Jacques HENRY nous invitait déjà en 1983 à sortir de nos palais. En 1989 Monsieur le Bâtonnier Jacques MAISSE nous demandait de donner l’image d’une profession dynamique qui devait se profiler dans le paysage d’un grand marché européen. En 2005, Monsieur le Bâtonnier Vincent THIRY, appelait au redressement économique de la Région comme « assurance-vie du Barreau » en nous proposant de nous « mêler à la cité ». En 2009 Monsieur le Bâtonnier Stéphane GOTHOT, prolongeant l’action de son prédécesseur, jetait les bases de la « journée de l’Avocat », et concernant la présence de l’Avocat dans la Cité, entamait un dialogue avec les médias qui allait aboutir à la campagne publicitaire d’«Avocats.be » qui assure la promotion de nos activités. Je poursuivrai résolument dans la voie tracée par mes prédécesseurs. C’est cette influence « sur le cours moral et social des choses de la vie »,  chère à Madame le Bâtonnier COLLARD, qui est le noyau dur de notre atome professionnel et qu’il faut porter hors du palais. Brisons cet isolationnisme qui est notre défaut corporatiste, allons au contact de la société civile et politique dans toutes ses dimensions. Osons le débat avec ceux, qui trop souvent nous critiquent sans trop nous connaître. Comme premier Barreau de Wallonie élargissons cette zone d’influence à la Région. Voilà la feuille de route ambitieuse que je donne à la Commission de l’Avocat dans la cité et à la Commission Barreau-Entreprises.   7.    Mon dernier point porte sur la réforme des Ordres et du paysage judiciaire en 2014, année d’élection. A terme et dans la prospective d’un Barreau moderne, c’est votre première ambition d’un Barreau unique, Monsieur le Bâtonnier André DELVAUX, qui se réalisera lorsque sera vaincu ce que j’appelle le syndrome du village gaulois. Ne soyons pas dupe du temps qu’il faudra pour y parvenir et constatons l’état des lieux de la question aujourd’hui. Le 12 novembre 2012, un vote à courte majorité avait abouti au sein de l’Assemblée générale d’Avocats.be, le Barreau de Bruxelles s’abstenant, à une décision d’élargissement des Ordres au niveau provincial, soit à l’équivalence territoriale des nouveaux arrondissements judiciaires. Le Barreau de Huy et le Barreau de Verviers ont voté contre cette proposition. Depuis que la Ministre, se ravisant, a confié non aux Ordres, mais à chaque Ordre local le soin de se positionner, les lignes bougeraient. A tout moment notre Barreau sera en permanence ouvert à la discussion, toutes vantelles grandes ouvertes. Je propose à court terme l’engagement d’un dialogue constructif qui devra naturellement aboutir à une proposition de se réunir en conseil de l’Ordre commun, à deux ou à trois.  Et plus si affinités.  Cette invitation est publiquement lancée. Les élections législatives fédérales belges devraient se dérouler le dimanche 25 mai 2014, le même jour que les élections régionales et européennes. N’étant pas devin, je ne sais ce qui ressortira de cette échéance : un pétard mouillé, une nouvelle crise de catatonie politique, un bouleversement institutionnel, je n’en sais rien ; mais il est plausible que le compteur soit remis à zéro pour tous les sujets qui nous préoccupent aujourd’hui, l’aide juridique, comme la réforme du paysage judiciaire. Je ne vous cache pas que cette incertitude est pesante.

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Il est grand temps pour moi de terminer.   Je clôture par ces mots. A Monsieur le Bâtonnier Jean-Marie DEFOURNY, j’adresse une pensée particulière.  Il sait pourquoi. A Madame la Présidente élue de la Conférence Libre du Jeune Barreau, chère Jessica, je me réjouis de cette complicité acquise et continuons notre collaboration féconde. L’année sera trop courte pour réaliser tous nos projets. Au candidat malheureux, qui s’est mis vainement à disposition du bien commun, je l’invite à continuer son travail pour l’Ordre l’année prochaine et de se représenter dans un an le cœur léger. Si tant est que l’on puisse servir d’exemple, ce n’est pas la première fois, au sein de notre Barreau, que l’accession au bâtonnat se réalise alors que la première présentation aux élections du Conseil de l’Ordre ne s’était pas conclue de manière favorable. Je remercie mon Barreau d’avoir élu un Conseil de l’Ordre d’une telle qualité, composé d’hommes et de femmes représentant la diversité des âges et des pratiques. Je serai un Bâtonnier heureux qui travaillera avec sa « dream-team ». A mes collaboratrices, Sophie, Sandrine, Isabelle et Caroline, ainsi que Anne et Valérie, merci pour votre engagement et votre soutien, je m’appuie sur vous avec confiance et sérénité. Je suis certain que dans peu de temps ce sera ma présence qui vous encombrera. Cher Laurent, je partage avec toi depuis de nombreuses années une vie professionnelle passionnante qui n’eût été réalisable sans ton amitié et tes compétences. Ton soutien dans mon engagement m’a profondément touché, sans toi rien ne sera possible. Marie-Anne, nous avons eu tant de projets que nous avons réalisés que celui-ci ne t’effraye pas outre mesure, ce qui m’apaise et me rassure. Il te porte tant que je n’aurai qu’à te suivre. Cette étape de notre vie sera la plus exaltante avant d’autres qui restent à inventer et je me réjouis de t’avoir à mes côtés pour m’accompagner sur cette nouvelle route. Tu as cette immense qualité, parmi toutes les autres que je ne puis citer publiquement, que de toujours parier sur l’avenir.  Aller de l’avant : c’est cette qualité qui est tienne qui guide ma vie. Voilà, mes chers Confrères, l’avenir s’offre à nous. Rencontrons celui-ci avec joie, espoir et enthousiasme, pour rendre à nos enfants tout ce que cette profession nous apporte aujourd’hui. Je boucle la boucle, très provisoirement. Ma petite histoire avait commencé avec Me FRANCHIMONT dans un escalier de l’Université en 1980 ; notre histoire collective en 2013 se poursuivra avec la citation de Robert BANDINTER qui clôturait le discours d’intronisation de Me FRANCHIMONT: « les signes par lesquels on reconnait une société libre sont le rire, l’humour et la tendresse ». Imaginons ainsi ce formidable avenir. Mais pour notre futur immédiat, nous nous rendrons dans la deuxième cour pour le geste de l’amitié.