Allocution prononcée par Monsieur le Bâtonnier André Renette à l’occasion de l’assemblée générale de l’Ordre le 18 juin 2015

Discours
Monsieur le Président d’AVOCATS.be, Monsieur l’Administrateur d’AVOCATS.be, Madame le Bâtonnier, Messieurs les Bâtonniers, Mes chers Confrères, Deux années déjà ! Voici la fugacité et la fuite du temps expliquées par Albert Einstein en ces termes : « asseyez-vous une heure près d’une jolie fille, et cela passe comme une minute… asseyez-vous une minute sur un poêle brulant, et cela passe comme une heure. C’est ça la relativité ». Je vous le confirme, ces deux années sont passées comme une minute, trop vite, tant ce qui a été fait devra être parfait, trop vite, tant il reste à faire. Ces deux années ont été personnellement enthousiasmantes, pour une seule et unique raison, celle de n’avoir été rien sans le soutien inconditionnel de la multitude des hommes et des femmes qui m’ont entouré, qui m’ont assisté, avec bienveillance et dévouement. Il est aujourd’hui de mon devoir de trouver les mots justes pour leur signifier notre reconnaissance et notre gratitude, celle de tout un barreau, celle d’un bâtonnier.  

* * *

  Permettez-moi de citer un deuxième Albert, cette fois, Albert Schweitzer, qui a dit : « La gratitude est le secret de la vie. L’essentiel est de remercier pour tout. Celui qui a appris cela sait ce que vivre signifie. Il a pénétré le profond mystère de la vie ». Eh bien, à la suite d’Albert Schweitzer, je vous propose de pénétrer le mystère de la vie d’un barreau. Je salue en premier les conseillers sortants, ceux qui m’ont accompagné durant ces deux années.

*

Maître Claude SONNET, Ma chère Claude, Vous avez imposé la qualité de votre travail avec votre signature maintenant connue de tous, celle de la rigueur, de la discrétion, sinon de l’humilité. Cependant, vos interventions dans notre conseil étaient attendues, entendues, écoutées, chacune étant claire, concise et percutante. Avec votre complice de première année, Maître Gisèle Bertholet, vous nous avez bluffés en négociant à la vitesse de l’éclair un nouveau contrat de revenu garanti avec cette apparence de l’aisance et de la facilité, qui ne sont que la trace de votre talent et de votre compétence. Il y a peu de mot pour tracer le réel remerciement qui vous est dû pour votre élégante présence parmi nous durant ces deux années, définitivement trop courtes. Maître Claude Sonnet vous êtes une belle personne, bienveillante et attentive aux autres, et que votre patronyme soit le synonyme d’une forme de poésie, n’est définitivement plus une coïncidence. J’emprunte à Boileau, qui a fait l’éloge du sonnet, le poème codifié avec la nécessité de la concision, les deux derniers vers du chant II de l’art poétique : « Du reste, il l'enrichit d'une beauté suprême. Un sonnet sans défaut vaut seul un long poème ».

*

  Maître Clarisse WESTHOF, Ma chère Clarisse, Monsieur le bâtonnier de Bruxelles, lors du conseil de l’Ordre commun à nos deux barreaux, qui s’est déroulé en déplacement ce 2 juin, ne savait pas qu’il allait commettre l’irréparable. La bourde qu’il ne fallait pas dire. Il vous a appelé Madame Gothot : la gaffe ! Car vous êtes une personnalité unique et autonome, et la puissance de vos convictions, vous la puisez dans votre connaissance exemplaire de notre barreau. Vos interventions au conseil de l’Ordre étaient frappées du sceau de ce dévouement déterminé et concret au profit de l’intérêt collectif. Ce fut le maître mot de votre engagement durant ces deux années. Vos préoccupations concrètes vous poussaient à défendre la profession telle qu’elle est, et non telle qu’elle devrait être. Cet engagement vous allez le poursuivre, à ma grande satisfaction, par la consolidation de vos investissements dans la commission solidarité. La profession est ébranlée économiquement et financièrement, et l’Ordre doit rendre un service social d’assistance aux confrères en difficulté. Ce projet convient à votre sensibilité, et à votre tempérament, qu’allie votre proximité avec les préoccupations de notre vie professionnelle et privée et avec ce don particulier qui est le vôtre pour l’attention aux autres. Vous êtes donc une personnalité unique, Maître Westhof. Permettez-moi ici de citer Albert Einstein : « rare est le nombre de ceux qui regardent avec leurs propres yeux et qui éprouvent avec leur propre sensibilité ». Maître Westhof, merci pour votre rareté.

*

Maître Bernard CEULEMANS, Mon cher Bernard, Imaginez une offre d’emploi, libellée comme suit : « bâtonnier cherche conseiller, du solide, de l’expérimenté, du talent, de la rigueur, de la force de travail, bref de la graine de bâtonnier ». C’est à ce casting que vous avez répondu, Maître Bernard Ceulemans. Je souhaite ici mettre en lumière le travail de l’ombre que vous avez effectué au service du bâtonnier, que cela soit au disciplinaire ou dans la gestion de ce qu’il est convenu d’appeler, la petite déontologie. Vous avez été pour moi d’une aide précieuse, et cela doit se savoir. Il est nécessaire pour un bâtonnier de pouvoir s’appuyer sur un homme de valeur, disponible et qualifié. Je voudrais ici remettre à nouveau le projecteur sur votre enfant, que vous avez porté jusqu’à l’adolescence, le centre de formation professionnelle. Vous nous avez informés des travaux d’AVOCATS.BE relatifs à la réforme de la formation initiale, avec expertise et expérience. Cette réforme va animer le débat en automne au sein de l’assemblée générale d’AVOCATS.BE. Pour cet avenir qui semble tout tracé, cher Maître Ceulemans, mon cher Bernard, je voudrais ici vous dédier ces mots d’Arthur Rimbaud : « ce n’est qu’au prix d’une ardente patience que nous pourrons conquérir la cité splendide qui donnera la lumière, la justice et la dignité à tous les hommes. Ainsi la poésie n’aura pas chanté en vain ». Soyez tous un peu patients, Maître Bernard Ceulemans enchantera l’avenir de notre barreau.

*

Maître Yves BISINELLA, Mon cher Yves, Vous vous êtes révélé à nous lors de votre première année de présence au conseil de l’Ordre comme un esprit libre et indépendant. Vous nous avez enrichis de votre personnalité généreuse et directe. C’est avec une courtoise fermeté que vous avez défendu parfois des opinions quelques peu divergentes, mais toujours innovantes. On vous comprenait sans difficulté, lorsqu’avec votre autorité, vous vous opposiez à une proposition en termes clairs et précis, accessibles à tous : « non » ! Il restait alors à la puissante machine à convictions que vous êtes, de nous convaincre de dire à votre contreproposition : « oui ». C’est le langage « cash » du monde des affaires, qui vous est familier, qui ne s’encombre pas d’hypocrisie acrobatique. C’est ainsi que vous avez infléchi les décisions qui, sans votre apport précieux, auraient été moins bonnes. Parmi d’autres et nombreux sujets que vous avez portés durant ces deux années, il y en a un qui doit être rappelé à l’assemblée générale, celui du lifting du contrat de stage qui sera d’application pour toutes les prestations de serment à partir de ce 1er septembre 2015. Et puis, il y a eu d’autres tâches, beaucoup plus ingrates et confidentielles, plus délicates, plus ardues, les plus difficiles, pour lesquelles j’ai pu compter sur vous, car durant ces deux années, vous avez été pour moi un homme de confiance et de fidélité. En vous voyant siéger au conseil de l’Ordre, Honoré de Balzac aurait dit de vous « la conviction est la volonté humaine arrivée à sa plus grande puissance ». C’est parce qu’il existe des hommes de convictions de votre stature, Maître Bisinella, que le barreau a une confiance inébranlable en son avenir.

*

Maître Laurent WINKIN, Mon cher Laurent, Avec une ténacité et une détermination qui forgent notre admiration, une parfaite régularité qui frise le professionnalisme et l’excellence, et un goût certain pour la « provoc » qui est un des traits de votre humour ravageur, vous avez mis un point d’honneur à ne jamais arriver à l’heure au conseil de l’Ordre. Toujours en retard, vous étiez salué par votre bâtonnier en ces termes « ladies and gentlemen, the late Laurent Winkin » ; ce qui vous a permis de soigner toutes vos entrées au conseil de l’Ordre, comme autant de montées des marches sur le tapis rouge du Festival de Cannes. Cependant, votre dette de champagne est colossale. Si ce n’est ces courts instants dont vous nous avez privés, vous avez consacré à ce conseil de l’Ordre une énergie et une force de travail peu commune dans de nombreux domaines car vous êtes un bosseur engagé et plein de fougue. Sans égard pour notre épuisement, vous avez piloté la galère du contentieux des honoraires, et sous votre impulsion cadencée au son du tambour, le conseil de l’Ordre a ramé comme des esclaves, jusqu’à n’avoir quasiment plus de retard, fait unique dans les annales de notre barreau. Vous avez défendu notre profession attaquée sur les flancs par d’autres métiers juridiques. Vous avez présidé le groupe de travail consacré aux recouvrements de créances, dont les conclusions ont été transmises à AVOCATS.BE, à certains politiques, et pourraient avoir un écho jusqu’à la commission Justice de la Chambre. Enfin, vous succéderez au bâtonnier élu comme directeur du Centre de formation permanente, vaste programme ! Maître Winkin, vous avez un tempérament fougueux mais aussi un tempérament sensible. Ne soyez économe ni de l’un ni de l’autre. Charles Baudelaire a dit : « Ne mépriser la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c’est son génie. »

*

Monsieur le Secrétaire de l’Ordre, Maître Pierre Bayard, Mon cher Pierre, Vous avez élevé la rédaction des procès-verbaux du conseil de l’Ordre au rang du grand art. Votre plume s’est muée en image fidèle reproduisant jusqu’à la minutie tous les détails de nos débats, jusqu’aux battements de cils. Vous avez mis également votre jeunesse au service du groupe de rapprochement entre le barreau de Verviers et le nôtre. Ne soyez pas déçu, nous y avons appris la nécessité de la patience et de la sagesse. Vous avez partagé avec des confrères plus anciens cet élan novateur qui ambitionne une meilleure profession et une meilleure gouvernance des Ordres. Nous nous sommes nourris de votre jeunesse et dynamisme, et déjà de vos profondes convictions. C’est à vous qu’il appartiendra avec une humble fougue de convaincre votre trop timide génération, qui déjà nous pousse dehors, de votre vision de l’avenir d’un barreau uni, réuni, fort et solidaire. Enfin, mon cher Pierre, puis-je te demander un service personnel : à l’issue de cette assemblée générale ou si tu préfères à l’expiration de ton mandat de Secrétaire de l’Ordre, pourrais-tu accepter, je l’implore, de me faire le plaisir de me tutoyer : mon prénom c’est André. Je vieillis trop vite au son du vouvoiement. Et surtout ne me réponds pas « Comme vous voulez » ! J’ai trouvé pour toi, pour cette année, une citation de Châteaubriand : « Le passé n’est rien dans la vie, et le présent est moins encor ; C’est à l’avenir qu’on se fie pour donner joie et trésors ; Tout mortel dans ses yeux devance cet avenir ou nous courrons ; Le bonheur est espérance, on vit, en disant : nous verrons. » Mon cher Pierre, à toi de voir, de nous faire voir. Ne t’étonne pas si on te demande d’être le guide et le capitaine de ta génération.

*

Bien entendu, je ne vous oublie pas, tous ceux et celles qui sont venus rejoindre mes « grognards » cette année : Sophie, Vincent, Jean-François, Serge, Bernard, Françoise, Jean-François, Gaël et Sandrina. Nous avons été une équipe soudée au conseil de l’Ordre, grâce à vous et à votre travail ambitieux et déterminé.   Mes chers autres Confrères, Je vous prends à témoin. Que cela soit cette année ou l’année précédente, avez-vous ressenti la réussite de l’aventure humaine qui fut la nôtre ? Humblement, pour ce qui nous concerne, nous ne pouvons qu’espérer qu’en cette période tellurique et de rupture pour la profession, le « bloc-équipe » du conseil de l’Ordre ait fonctionné dans l’intérêt de la profession.

* * *

Le barreau de Liège, c’est une armée en marche, et ici, les commissions de l’Ordre font office de divisions. Chaque année, vous résistez à l’indifférence, sinon à l’ingratitude, des confrères qui, par ignorance ou désintérêt, ne peuvent mesurer l’ampleur colossale des services que vous apportez au quotidien à notre barreau. Vous êtes la noblesse de ce barreau, à qui vous faites honneur, et vous portez haut votre passion pour la profession et vos idéaux. Le rapport des activités de l’Ordre vient de sortir, et retrace le travail des commissions de l’Ordre en 105 pages.

* * *

Sénèque a dit : « La vraie bonté est invincible, parce qu’elle ne se lasse jamais. » Je voudrais rendre ici hommage à Maître Jean-Jacques Germeau, cet éternel jeune homme, cet homme de bien, avec sa joie naturelle et souriante. Rendre service aux autres est dans votre nature profonde. Vous avez traité, cette année encore, des kilomètres de dossiers de petite déontologie, chaque mardi matin, à partir de 8h30 précise, jusqu’à effacement de la pile. Vous avez soutenus, par vos encouragements et par vos visites régulières, des confrères qui se sont nourris de vos qualités de cœur pour se redresser. Maître Jean-Jacques Germeau ne rajeunissez pas trop, le barreau a besoin de votre humanité et de votre expérience.

* * *

Le barreau de Liège est également une entreprise qui compte 967 clients et 967 fournisseurs, d’une rare exigence. Pour servir tout ce beau monde, il faut du personnel compétent et dévoué. J’appelle ici tous les travailleurs du BAJ : Sylvie, Mounir, Aïcha, Adrien et Raphaël, et Isabelle (en congé de maternité). Vos conditions de travail sont inacceptables. Je m’excuse de n’avoir pu faire progresser jusqu’à la réussite le dossier du déménagement de vos locaux dans l’ancien greffe du Tribunal de première instance. Ce dossier a connu, cette année, quelques avancées comme autant de battements d’ailes de papillon, et je veux croire qu’avec le soutien de plus en plus ferme et inconditionnel de Monsieur le Premier Président de la Cour d’appel, demain sera un autre jour. Cette année, je n’ai pu vous donner que le spectacle de mon agitation et de ma déception, mais il y a des lourdeurs fantômes et des pesanteurs invisibles qui donnent à toutes nos initiatives l’impression d’un ralenti, image par image.   J’appelle ici, toutes celles et ceux qui travaillent dans le périmètre du bâtonnier : Simone, Eric, Silvia, Carine, Bérénice et Xavier. C’est vous l’esprit et le corps de notre barreau, les bâtonniers ne sont que des âmes de passage, que dis-je, des feux follets ! Vous êtes à l’Ordre et au barreau ce que Doel 3 et Tihange 2 sont à la fourniture d’électricité, sans vous, c’est le blackout du barreau, et l’Ordre collapse. Enfin, nous avons pu également tisser des liens personnels fondés sur la confiance et l’écoute. Ces liens, j’en suis sûr, vont perdurer.

*

Bob Marley a dit « ne vis pas pour que ta présence se remarque mais pour que ton absence se ressente ».   Cher Maître Lamalle, Cher Maître Stas de Richelle, Cher Maître Evrard, Mes chères Collaboratrices, Je voudrais vous remercier de m’avoir fait le cadeau de votre soutien, et de votre patience, et c’est grâce à votre investissement amical et professionnel que j’ai pu vivre intensément ces quelques minutes – comme dit Albert Einstein – au bâtonnat. J’espère que de votre côté, vous n’avez pas ressenti ces deux années comme étant assis sur un poêle brûlant, et que le soulagement de me voir revenir sera dépassé par la joie de collaborer à nouveau ensemble.   Sandrine, Laurent, Ces deux années ont consolidé notre amitié, et notre solidarité professionnelle. Il m’appartient maintenant de vous rendre tout ce que vous m’avez apporté. Enfin, permettez-moi une spéciale dédicace pour ma secrétaire, Maggy Noiret, qui a tant fait pour servir notre action.

*

Ma chère Marie-Anne, Durant ces deux années, tu t’es accomplie dans la fonction d’ambassadrice de charme de notre barreau. Par ton sens de l’accueil, et de l’écoute, tu as fait l’unanimité autour de toi. Je ne pouvais rêver meilleur soutien et meilleur accompagnement. Mes chers Confrères, ce que je voudrais encore dire à Marie-Anne : cela ne vous regarde pas !

* * *

Jean-Jacques Rousseau, dans le « Discours sur l’inégalité », a dit : « Ainsi, devenus pauvres sans avoir rien perdu, simplement parce que tout changeait autour d’eux et qu’eux n’avaient point changé. » Ces mots s’adressent-ils à notre profession ? La profession d’avocat vit une époque de rupture avec le passé, et jamais peut-être autant notre profession n’a été confrontée à un environnement si menaçant. Le congrès Tomorrow’s lawyers des 20 et 21 février 2014 sur l’avenir de l’avocat, le congrès biennal d’AVOCATS.BE, #Agissons, du 29 mai dernier, sont les deux évènements majeurs qui doivent nous mobiliser pour construire notre avenir. 37% de notre barreau a moins de 10 ans d’ancienneté. A 20 ans d’ancienneté, vous êtes majoritaire au sein de notre barreau, avec +/- 60%. Si je fus fier que le barreau de Liège déplace plus de 10% de ses membres au congrès #Agissons du 29 mai, où étiez-vous tous ceux qui sont directement concernés par l’horizon 2025 ou 2035 ? A vous tous, et plus particulièrement au 60 % de notre barreau, si notre environnement professionnel ne cesse d’être anxiogène, il nous faut cependant surmonter notre anxiété par notre mobilisation, et l’affirmation collective de nos principes, outils et valeurs. Donnons de la modernité au principe fondamental de l’indépendance de l’avocat. Donnons un contenu moderne et réel, et non factice, à la prévention des conflits d’intérêts. Protégeons l’outil de ces deux principes, à savoir le secret professionnel contre toutes les emprises irresponsables et totalitaires de la société de la transparence. Puis réfléchissons aux valeurs qui transcendent notre profession comme celles de l’humanité et du désintéressement, celles de la loyauté, de la probité, de la conscience et de la dignité. Positionnons-nous sur le marché des services juridiques comme l’entreprise éthique qui se distingue de l’entreprise commerciale. Distinguons-nous du profit par le désintéressement et la juste modération, en ce sens que l’intérêt du client ou du justiciable passe avant le nôtre. Avec Pierre Rabhi, je considère que : « la société changera quand la morale et l’éthique investiront notre réflexion ». Révoltons-nous contre tous ceux qui n’ont qu’à la bouche les mots « compétitivité », « performance », qui ne voient l’avenir de la profession que dans le code de droit économique, qui entendent faire du ministre de l’économie, le tuteur du ministère de la justice. Décomplexons notre rapport avec l’argent en le plaçant avec nous, mais derrière nous – le service du client étant notre première priorité. Nous sommes des entreprises, alors innovons et adaptons-nous, et refusons clairement les pratiques inconciliables avec nos principes, outils et valeurs. Comment ne pas croire qu’avec notre expertise du contentieux, l’exigence de la formation permanente, nous soyons meilleurs que tous nos concurrents, quand bien même nous adoptons leurs méthodes, avec la plus-value de notre déontologie. Nous devons avoir l’ambition de nous maintenir sur les marchés de la fourniture des services standardisés et répétitifs, par des investissements dans les nouvelles technologies. Notre barreau n’est-il pas à la pointe de l’innovation avec notre site qui autorise des consultations en ligne ? Donnons à nos Ordres une structure professionnelle, une gouvernance adaptée à la vitesse du temps qui n’est plus celle de la diligence. Demandons aux Ordres communautaires de s’entendre pour nous fournir l’accès aux performances inouïes du Big Data. Confions à nos Ordres et aux Ordres communautaires la mission du lobbying, mot qui sonne plus chic que syndicalisme, pour reconquérir le terrain perdu dans la société civile et politique. Ces dernières années, nous avons beaucoup labouré dans un terrain caillouteux : faillite permanente de l’aide juridique, TVA, fiche légale d’information, code de droit économique, plan justice, pot-pourri I, pot-pourri II et bientôt les autres, modification des droits de rôle et déclaration profisco.   A vous, Monsieur le bâtonnier élu, Mesdames et Messieurs les Conseillers élus, maintenant, de semer. Nous n’avons plus le temps d’avoir peur, et le temps est à l’offensive constructive mobilisant la jeunesse de notre barreau. Je me réjouis que les élections que je viens de proclamer aboutissent à un conseil de l’Ordre rajeuni, motivé et déterminé. C’est à vous, Mesdames et Messieurs les conseillers élus, c’est à vous, Monsieur le bâtonnier élu, qu’il appartiendra de faire mieux que nous. Mon cher François, je t’offre comme trait d’union, entre aujourd’hui et demain, la phrase de Nelson Mandela : « J’ai appris que le courage n’est pas l’absence de peur, mais la capacité de la vaincre ».   Résistons, luttons, agissons. Je vous remercie pour votre attention.